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L'arche de Jackie
24 novembre 2022

Jeudi 24 novembre ! un nom passé à la postérité... et non pas aux oubliettes ! 🗑

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nous fêtons les Flore, Flora, Firmine !

Le prénom Flora vient du latin "florens " qui signifie "fleuri ". Dans la mythologie romaine, Flora est la déesse de la végétation et la femme du dieu Zéphyr.

🖋 Le dicton du jour : "À Sainte Flora plus rien ne fleurira"

📕 La citation du jour : "Un homme n’est jamais si grand que lorsqu’il est à genoux pour aider un enfant." Pythagore

C’est également aux Etats-Unis et au Canada notamment,  la fête de Thanksgiving (pour en savoir plus, vous pouvez lire le sujet repris ce jour 😉)

24 novembre 1883 : Apparition des poubelles
Le 24 novembre 1883, sous la IIIe République, Eugène René Poubelle (né à Caen  le 15 avril 1831 et mort à Paris le 15 juillet 1907), préfet du département de la Seine, impose aux Parisiens l'usage de réceptacles fermés pour l'évacuation des ordures ménagères. Il s'agit d'en finir avec la crasse qui fait la mauvaise réputation de la capitale depuis le Moyen Âge et les premières dispositions royales... Ces réceptacles se généralisent très vite dans la capitale française puis dans toutes les grandes villes. De façon très bénéfique, ils réduisent considérablement la saleté habituelle aux voies publiques depuis le Moyen Âge et facilitent le travail des éboueurs.

Mais il reçoit une volée de bois vert. Ce qui semble aujourd'hui une évidence, tant du point de vue de l'hygiène que du confort, apparaît à l'époque comme une intrusion insupportable dans la vie des citoyens.

Le préfet met en place un ramassage quotidien par des voitures tirées par des chevaux. Le préfet visionnaire, qui organisera également le tout-à-l'égout en 1894, prévoit même un tri sélectif des déchets. Cette disposition vite abandonnée sera reprise plus d'un siècle plus tard.

Les propriétaires sont tenus de fournir à leur locataire des récipients «de bois doublés de fer blanc avec une contenance de 120 litres au plus» avec couvercle pour recueillir les déchets. Les bacs seront ensuite sortis dans la rue par les concierges juste avant le ramassage.
Deux boîtes supplémentaires doivent accueillir, l'une les papiers et les chiffons, l'autre les débris de vaisselle et de verre et les coquilles d'huîtres. mais cette mesure, mal appliquée, disparaîtra du deuxième arrêté relatif à la collecte des ordures, le 7 mars 1884.

Mal accueillis, les arrêtés du préfet suscitent l'hostilité des Parisiens et l'ensemble de la presse qui est vent debout contre cette mesure jugée scandaleuse. Le 16 janvier 1884, au lendemain de la mise en œuvre de l'arrêté, un journaliste du Figaro publie un article qui dénonce toute l'affaire. C'est alors que le journaliste évoque pour la première fois, par dérision, les réceptacles de "boîtes Poubelle" du nom du préfet, évidemment... Elles deviendront très vite, dans les journaux et le langage courant, les poubelles.

Des rumeurs d'entente avec les fournisseurs des boîtes se propagent. Le crime ultime est l'atteinte aux droits des chiffonniers condamnés à une baisse de leur activité et à une misère plus grande encore.

Et je ne peux pas m'empêcher de vous faire lire cet article, un peu long certes mais tellement édifiant et parlant... on pourrait presque le reprendre à l'infini en changeant les circonstances, les personnages, les lieux mais tout serait encore tellement vrai pour certaines choses à notre époque... à méditer !

Article paru dans le Figaro du 16 janvier 1884 - M. POUBELLE et les mauvaises langues...

"C'était hier le jour fixé pour l'exécution du fameux arrêté de M. Poubelle, préfet de la Seine, sur l'enlèvement des ordures et la suppression des chiffonniers.

On s'attendait à des résistances, du tumulte, du tapage. Il n'y a rien eu... Les chiffonniers, avec une sagesse et une modération dont on ne saurait trop les féliciter, se sont contentés de grappiller dans les quelques tas d'ordures qui restaient, malgré l'arrêté préfectoral, et les entrepreneurs de l'enlèvement -prenant ce prétexte que tout le monde n'avait pu encore se mettre en règle- ont ramassé les tas d'ordures jetées devant les maisons, sans faire dresser de procès-verbaux aux concierges...

Mais c'était le premier jour. Tout doux !... gare aux suivants !...

Depuis une quinzaine bientôt, toute la presse s'occupe de cette affaire. Moi je n'ai rien dit, et bien que mon opinion fût faite, j'attendais.

La vérité n'est pas toujours bonne à dire, surtout en ce temps de «liberté». Aussi suis-je resté bouche close.

Pourtant, on m'avait demandé mon appui. Oui, j'étonnerai beaucoup de mes lecteurs en leur disant que les chiffonniers m'avaient écrit une lettre, pour me prier de voir les choses de près, de dire mon opinion, de faire justice de la mesure inique et barbare qui les frappe.

C'est que je n'ai pas parcouru tout le Paris Pauvre, Souffrant et Travailleur, sans être un peu connu de ces braves gens, qui, pour ne pas appartenir au pschutt et v'lan (monde élégant, un peu tapageur, NDLR), n'en ont pas moins droit à la vie, et au pain quotidien. C'est que les ouvriers, de toute sorte, dont j'ai serré la main calleuse et noircie par le travail, se souviennent que je suis avant tout leur ami.

Donc, je me suis rendu à l'appel des chiffonniers, je suis retourné dans leurs «antres», où je n'étais entré autrefois que par curiosité, et où je suis allé, ces jours-ci, par intérêt, par sympathie... J'en suis sorti navré, triste, les larmes aux yeux...

Si j'écrivais ce qu'on m'a dit, si j'écrivais ce que j'ai vu, je ferais contre M. Poubelle un réquisitoire qui me mènerait infailliblement en cour d'assises, pour insultes envers un fonctionnaire public... Or, je ne veux pas aller en prison. Je garde donc mes réflexions pour moi.

Mais si, personnellement, je me tais, j'ai le droit de répéter ce que disent les mauvaises langues. Or, elles s'en donnent à cœur joie, allez... N'ont-elles pas commencé par cette étrange remarque que, le jour même où paraissait l'arrêté de M. le préfet de la Seine, les propriétaires recevaient les prospectus d'un fabricant de boîtes conformes à l'ordonnance.

Comment ce fabricant avait-il deviné l'arrêté du préfet ? Par le magnétisme peut-être ? Il est certain que personne ne l'avait averti. Mais les mauvaises langues, remarquant la coïncidence, l'ont fâcheusement interprétée...

Ce n'est rien. Il y a bien pis. N'a-t-on pas observé aussi que le fameux arrêté, coïncide avec le moment du renouvellement des marchés pour l'enlèvement des boues et ordures ? Nouveaux cancans, nouvelles calomnies... Cette coïncidence est certainement toute fortuite et n'a eu aucune influence sur les conditions de l'adjudication.

Cependant, nous devons remarquer que l'adjudicataire, ou les adjudicataires -car ils sont plusieurs- en profitent, bien heureusement.

Au lieu d'ordures, bonnes tout au plus à faire de l'engrais, ils vont avoir tout un tas de choses utilisables, et c'est là que les mauvaises langues commencent à calculer...

Il y a, disent-elles, une Compagnie anglaise, puissamment organisée, qui, depuis plusieurs années, rôde autour de cette proie qu'elle convoite: les chiffons de Paris. Cette Compagnie estime à plusieurs millions la valeur de ces chiffons. Plusieurs millions, cela paraît exagéré. Pas du tout. Comptez.

Il y a à Paris au moins trente mille chiffonniers. Ne discutez pas le chiffre, il est au-dessous de la réalité. La statistique me démentira peut-être en m'objectant qu'il n'y a eu que 12.000 médailles délivrées, que beaucoup de titulaires sont morts et que le nombre des chiffonniers autorisés a diminué de moitié. C'est vrai. Mais pour n'être pas pourvus de médailles, les quatre cinquièmes des chiffonniers actuels n'en sont pas moins intéressants et dignes de gagner leur vie. Ce chiffre que je vous donne n'est donc pas fourni par la statistique officielle, mais il est celui que me certifient les gens du métier qui savent à quoi s'en tenir. -Et, ajoutent-ils, à ce nombre sont venus, depuis quatre mois, s'ajouter quinze à vingt mille ouvriers sans ouvrage, que nous laissons travailler à nos côtés, car il faut que les pauvres gens s'entr'aident...

Mettons donc cinquante mille -et je souhaite que les conséquences de l'arrêté Poubelle, ne nous fassent pas constater, par une catastrophe, que nous cotons trop bas. -Vous m'accorderez bien que pour vivre, lui et sa famille, pour payer son loyer, pour s'habiller, même de haillons, un chiffonnier gagne trois francs par jour...

* Autrefois, avant la guerre, me disait hier l'un d'eux, M. François Bijou, cité de la Moscowa, passage Latéral -un garçon intelligent, relativement instruit, honnête et modéré dans ses vues, auquel je dois beaucoup de renseignements utiles, - autrefois, on se faisait facilement quatre francs et quatre francs cinquante. Aujourd'hui, quand j'ai trimballé sur mon échine, pendant six à sept heures, une hotte qui pèse quatre-vingts livres, je suis bien content d'en tirer, le triquage (le tri) fait, une pièce de trois francs.

Mais je mets toujours tout au plus bas. Je prends une moyenne de deux francs. Cinquante mille hottées à deux francs donnent cent mille francs par nuit. Cent mille francs par nuit, trois millions par mois, trente-six millions par an... pour les ordures parisiennes ! Trente-six millions -ce que coûte le budget de la justice en France... Plus que ne coûtaient autrefois la liste civile de l'Empereur et les frais de la maison impériale... C'est un joli denier à se partager, n'est-ce pas ?

Eh bien, les mauvaises langues, les cancaniers, ceux qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas, prétendent que la compagnie anglaise a acheté ou va acheter, moyennant quelques millions, tous les chiffons qui se trouvent dans les détritus parisiens...

Qui bénéficiera de la différence ?

Ce qui donne une apparence de vérité à ce cancan -car, bien sûr, ce n'est qu'un cancan- c'est cet article de l'arrêté préfectoral qui prescrit aux concierges,la séparation des ordures : Les débris de vaisselle, verre, poterie, etc., provenant des ménages, et les coquilles d'huîtres ne devront pas être versés dans les récipients communs, mais devront être déposés à côté de ceux-ci dans des récipients spéciaux.

* Vous voyez, nous dit-on, ces messieurs ne voulant pas se donner la peine de trier eux-mêmes, exigent qu'on leur mette à part tout ce qui ne peut être utilisé...

De même, il est défendu de verser dans les récipients : Les terres, gravois, décombres et débris de toute nature provenant de l'exécution de travaux quelconques ou de l'entretien des cours et jardins ; Les résidus et déchets de toute nature provenant de l'exercice de commerces, ou d'industries quelconques.

En résumé, les concierges, propriétaires et locataires devront, avant le passage des voitures, faire le tri de leurs détritus, mettre de côté ce qui est bon pour le donner aux entrepreneurs, et se débarrasser, comme ils pourront, du reste. Les concierges, propriétaires et locataires deviennent les véritables chiffonniers; seulement, le marchand en gros, commissionné par l'administration, ne paiera pas à eux, mais à la Ville... Boland disent les critiques, n'aurait pas mieux trouvé.

Remarquez que, si cette histoire de la Compagnie anglaise était vraie, ce ne serait pas seulement l'industrie du chiffon qui serait atteinte, mais aussi celle de la papeterie française. Déjà l'impôt sur le papier lui a mis du plomb dans l'aile. L'accaparement du chiffon parisien la jetterait tout à fait à bas... au profit des fabriques étrangères.

Mais passons.

Comme compensation à tout cela, les gens qui trouvent tout charmant nous affirment que la santé publique gagnera énormément à la nouvelle mesure administrative. -Pensez donc, disent-ils, ces ordures, jetées sur la voie publique, s'y corrompaient et empestaient l'air toute la nuit.

Eh ! mais, êtes-vous bien sûrs que, conservées dans une cuisine -dans une chambre souvent- elles se corrompront moins et seront moins dangereuses pour la santé qu'en plein air ?

-Les chiffonniers, dit-on encore, sont exposés au froid, au chaud, à la neige, à la pluie; puis ils trient des ordures malsaines où ils contractent le germe de toutes les maladies...Il y a des pages entières dans les livres de médecine sur l'empoisonnement spécial du métier... C'est possible, mais c'est une triste façon de les en préserver, que de les condamner à mourir de faim !

Moi, je ne veux pas croire aux médisances des mauvaises langues et je suis certain que M. le préfet Poubelle a été guidé par le plus pur sentiment du devoir. Parisien tout nouveau, peu fait aux mœurs de notre capitale, il aura eu, un soir, en sortant du théâtre, le nerf olfactif offensé par les émanations des tas d'ordures jetés dans la rue. Il aura souffert en voyant un pauvre diable fouiller dans ce tas infect pour y butiner sa vie, et il se sera dit:

Un bon administrateur ne doit pas voir de semblables choses sous son règne. Supprimons l'ordure et le chiffonnier. Mon nom passera à la postérité entouré des bénédictions universelles...

Et d'un trait de plume, il a en effet supprimé le tas d'ordures.

Mais le chiffonnier reste, lui, sa femme et ses enfants... le ventre creux, la bourse vide... Comment va-t-il faire ?

Vous me direz qu'il peut exercer un autre métier -celui de... préfet, par exemple. Mais, quelle que soit l'élasticité du budget actuel et les ressources de la République française, on ne peut pas nommer préfets tous les chiffonniers de Paris...

Alors on sera forcé d'attendre l'extinction -par la faim !... Autant les réunir tout de suite, avec leurs familles, devant une bonne batterie de mitrailleuses!

Non, monsieur le préfet, ce n'est pas avec un concert de louanges que la postérité se rappellera cette mesure.

On rit encore des colonnes Rambuteau (urinoirs du préfet Rambuteau, NDLR), qui pourtant ont rendu service.

On a ri aussi des «manches à Gigot» (du nom du préfet Albert Gigot, NDLR), cet essai infructueux des plaques indicatrices sur les voitures.

Je crois qu'on ne rira pas des «boîtes Poubelle».

Je vous le jure, je ne crois pas à tous les racontars que j'ai cités plus haut. Mais ces racontars, on ne se gêne pas pour les colporter dans Paris. On cite même des noms et des chiffres.

C'est comme cela qu'a commencé l'histoire du Pacte de famine, dont vous connaissez la fin... Or, pour les cinquante mille chiffonniers que vous réduisez au désespoir, c'est un véritable «pacte de famine» que cette suppression de leur industrie.

Quelque intégrité que vous puissiez apporter dans vos fonctions, quelques preuves que vous donniez de votre indépendance dans cette affaire, la moitié de Paris croira, croit déjà que vous avez participé à une odieuse spéculation sur le travail, sur la misère.

C'est une terrible responsabilité cela, allez... Prenez y garde!...

La situation actuelle de Paris est assez grave, sans l'aggraver encore par une mesure inutile, vexatoire et barbare...

Les mauvaises langues pourraient vous faire du tort!...

Et maintenant la note gaie. Elle m'a été donnée, hier, par un de mes amis qui passe sa vie à se disputer avec son concierge...

-Quelle bonne affaire, m'a-t-il dit, le soir, j'emporterai mes ordures dans un journal et je les jetterai devant la loge... Tout le temps mon pipelet aura des procès...

L'idée est drôle, certes, et eût fait la joie de Cabrion. Mais elle ne me console pas de la désolation que j'ai vue hier dans les cités où les familles des chiffonniers pleurent... où les enfants crient la faim."

chiffon  Les chiffonniers à Paris, illustration parue dans «Le Petit Journal» en 1892.

Mais cela ne l’empêchera pas de développer les égouts déjà mis en place par un certain M. Haussmann.

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