voici l'histoire du plus ancien magazine féminin français ! ma mère l'a acheté durant des dizaines d'années et y puisait des modèles couture, tricots et autres pour les vêtements qu'elle confectionnait pour nous et pour d'autres, entre modèles, patrons et astuces diverses ! ce magazine a bercé mon enfance et je voulais l'évoquer en mémoire à une institution mais aussi à ma mère !

15 novembre 1919 - Premier numéro de "Modes et travaux féminins"

"Pendant la première guerre mondiale comme les hommes étaient au front, les femmes ont pallié le manque de main d’œuvre, mais à la fin de la guerre, c'est retour au foyer !"

Presque un an, jour pour jour, après la signature de l'armistice, dans un pays profondément marqué par la Première Guerre mondiale paraît "Modes et Travaux féminins". Au fil des vingt feuillets richement illustrés pour l'époque s'y dessine une icône : la femme française, que ce "quinzomadaire" chic et astucieux va guider avec adresse et élégance au quotidien.

Une guerre atroce qui devait être courte mais a duré 4 ans, 1,4 million de Français morts au front, des foyers sans père, des femmes privées de mari ou de fiancé, un déficit des naissances... Au sortir de la Première Guerre mondiale, la France affiche un visage cabossé. Dans ce paysage bouleversé, qui aspire à la renaissance, la place de la femme est à redéfinir.

Courageuses, les Françaises avaient répondu positivement à l'appel Viviani d'août 1914, qui leur intimait d'aller prendre la place de leurs frère, père, mari partis au combat dans les usines et aux champs. De ceci, elles vont garder la fin du corset et l'envie de pouvoir bouger plus librement dans leurs vêtements, incarnée par l'allure Chanel. La fin des hostilités les démobilise, elles doivent retourner au foyer, repeupler le pays.

Pour aider la femme à faire face à ses défis d'après-guerre, Édouard et Renée Boucherit, dont la mère possédait une mercerie, lancent Modes et Travaux féminins. Un succès qui incarne le bon ton à la française !

Oui, mais pour ça, encore faut-il trouver l'homme adéquat... ou, à défaut, disponible ! Car les tranchées puis l'épidémie de grippe espagnole de 1918-1919 ont déséquilibré la part hommes/femmes dans la société ; celles-ci doivent séduire pour ne pas rester vieilles filles et remplir le rôle maternel que le gouvernement et la propagande des associations natalistes leur assignent.

Face à tous ces défis de la femme française, un homme, Édouard Boucherit, et son épouse, Renée, publient, le 15 novembre 1919, le premier numéro d'un bimensuel baptisé Modes et Travaux féminins. Un guide du bon ton, qui se veut le compagnon précieux de l'élégance à la française née de ses créations exclusives, mais pas seulement ! À la fois glamour et pratique, adulant le chic sans renier le domestique, pour 1 franc, soit à peine le prix d'un kilo de pain, Modes et Travaux féminins livre la haute couture et la broderie d'art dans les foyers, les agrémentant de conseils d'hygiène et de beauté, de « menus pour la quinzaine », d'une nouvelle pour les veillées...
En couverture, 2 écussons illustrant l'un une brodeuse, l'autre une couturière, enserrent une femme raffinée vêtue d'un manteau de burella rehaussé de vison et coiffée d'un breton. Tailleurs, robes d'après-midi et du soir, chapeaux, manteaux, corsages...

Tous les 15 jours, Modes et Travaux féminins donne ainsi à lire et à confectionner à la femme française. Entre 2 pas de charleston, la robe à franges sous le genou, le cheveu plus court et la cigarette aux lèvres, celle-ci peut aspirer à son émancipation et rêver, comme ses homologues américaines, finlandaises, polonaises, allemandes, autrichiennes, russes ou néerlandaises, de pouvoir enfin aller voter. Mais la route était encore longue...

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