Samedi 22 janvier - la Reine Victoria, "grand-mĂšre de l'Europe" đŹđ§
Nous fĂȘtons les Vincent, TimothĂ©e !
Saint Patron des vignerons, Saint Vincent de Saragosse, diacre martyr du IVĂšme siĂšcle. FĂȘtĂ© Ă©galement le 27 septembre en l'honneur de Saint Vincent de Paul, le prĂ©nom Vincent vient de "vincens" qui est le participe prĂ©sent du verbe "vincere" et signifie "vaincre" (Ă©tymologie latine).
Saint Vincent, saint patron des vignerons, est particuliĂšrement fĂȘtĂ© dans notre belle Bourgogne chaque annĂ©e, traditionnellement le dernier week-end de janvier, Ă travers des traditions ancrĂ©es dans la culture de la rĂ©gion. En 1938 fut crĂ©Ă©e la "Saint-Vincent Tournante", cĂ©lĂ©brĂ©e chaque annĂ©e dans un village viticole diffĂ©rent de Bourgogne, dĂ©montrant par lĂ le dĂ©sir de la ConfrĂ©rie des Chevaliers du Tastevin de dĂ©fendre avec la mĂȘme ardeur tous les vins de Bourgogne sans exception.
La Saint-Vincent Tournante 2022 aura lieu exceptionnellement les 19 et 20 mars dans les villages viticoles de Puligny-Montrachet, Blagny et Corpeau. Au programme : procession des confréries traditionnelles en musique, une cérémonie à l'église, des dégustations de vins de Bourgogne et des spécialités du terroir, le tout dans une ambiance conviviale !
đ Le dicton du jour : "Si le jour de la Saint Vincent est trouble, il met le vin au double"
đ La citation du jour : "Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sĂ©rieux." Alphonse Allais
Cela sâest passĂ© un 22 janvier
22 janvier 1901 - décÚs de la Reine Victoria
Fille du duc de Kent, quatriĂšme fils du roi George III, et dâune princesse allemande de Saxe-Cobourg, la jeune Victoria nâĂ©tait pourtant pas prĂ©destinĂ©e Ă devenir souveraine. Elle nâoccupait Ă sa naissance, le 24 mai 1819, que la cinquiĂšme place dans lâordre de succession au trĂŽne. Mais le dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© de son pĂšre, disparu lorsquâelle nâavait que 1 an, puis celui de deux de ses oncles font dâelle en 1830 lâhĂ©ritiĂšre prĂ©somptive du roi Guillaume IV, demeurĂ© sans descendance directe.
ĂlevĂ©e par sa mĂšre, Victoria eut une enfance quâelle dĂ©crivit elle-mĂȘme comme "triste" et "mĂ©lancolique". La vie Ă©tait austĂšre au palais londonien de Kensington, oĂč la duchesse de Kent maintenait la princesse Ă lâĂ©cart des autres enfants, jugĂ©s indĂ©sirables.
Elle y Ă©tait soumise Ă des rĂšgles morales et protocolaires trĂšs strictes, censĂ©es ĂȘtre celles dâune future reine, mais qui avaient surtout pour but dâisoler la jeune fille. Sa mĂšre, qui aspirait Ă la rĂ©gence, la souhaitait en effet fragile et dĂ©pendante. Victoria Ă©tudiait avec des tuteurs privĂ©s et passait son temps libre avec ses poupĂ©es. Seule lâamitiĂ© de sa gouvernante Louise Lehzen, qui la dĂ©fendait contre lâoppressif "systĂšme de Kensington", lui permit de trouver un peu de chaleur dans ce lourd climat dâintrigues et dâasphyxie morale.
Quand Victoria, à 18 ans, est couronnée à Westminster, la dynastie des Hanovre (plus tard Windsor) semble discréditée par la longue folie du roi George III et les frasques de ses deux fils et successeurs, George IV et Guillaume IV, ce dernier affichant pas moins de dix enfants illégitimes. Elle entame son rÚgne alors que la monarchie anglaise est au plus mal
La société anglaise souffre par ailleurs de douloureuses mutations induites par la Révolution industrielle.
Dans la capitale, on estime qu'un quart des femmes se prostituent. La démocratie est encore des plus imparfaites et le suffrage universel pas encore établi.
Tout va changer pendant les 64 annĂ©es du rĂšgne de Victoria. Ă la veille de sa mort, la monarchie est Ă son zĂ©nith et la reine, devenue immensĂ©ment populaire, Ă la tĂȘte de la premiĂšre puissance mondiale et d'un empire Ă©tendu sur le quart de la planĂšte.
Aussi ne faut-il pas s'étonner que le prénom de la discrÚte jeune fille ait servi à qualifier son époque. DÚs 1851, on voit apparaßtre le qualificatif de «victorien» sous la plume d'un historien.
DÚs son accession au trÎne, la jeune reine se prend d'affection pour le Premier ministre en exercice, lord William Melbourne (58 ans), homme modéré et sensible. Il a l'honneur d'initier Victoria aux affaires publiques et surtout à la maniÚre de bien tenir son rang. La souveraine montre assez de caractÚre pour écarter sa mÚre, l'intrigante duchesse de Kent.
Sur un coup de foudre, la reine dĂ©cide aussi d'Ă©pouser son cousin, le prince allemand Albert de Saxe-Coburg-Gotha, le 10 fĂ©vrier 1840. Celui-ci, qui a le mĂȘme Ăąge que Victoria, n'Ă©prouve pas la mĂȘme passion amoureuse, du moins au dĂ©but de leur union. Mais il joue Ă la perfection son rĂŽle de mari et de prince consort.
Albert, Victoria et leurs neuf enfants vont offrir au peuple britannique l'image idéalisée du bonheur conjugal. Luthérien pieux, Albert importe à la cour des moeurs austÚres qui donneront à l'Úre victorienne une réputation exagérée de pruderie.
La famille royale et la monarchie atteignent le summum de leur popularitĂ© lors de l'inauguration de lâExposition Universelle de 1851, sous le Crystal Palace.
L'architecte Joseph Paxton a conçu cette magnifique construction, aujourd'hui disparue, en y intégrant des préoccupations écologiques et environnementales d'avant-garde.
L'Exposition, la premiĂšre du genre, a Ă©tĂ© imaginĂ©e et conçue par le prince Albert lui-mĂȘme pour tĂ©moigner de la grandeur de l'Angleterre et des espoirs suscitĂ©s par la RĂ©volution industrielle. Elle dĂ©bouche sur un magnifique succĂšs.
Il faut dire que Londres est devenue, avec 2,5 millions d'habitants, la principale mĂ©tropole mondiale. Le pays lui-mĂȘme compte 22 millions d'habitants en 1851, soit deux fois plus qu'un demi-siĂšcle plus tĂŽt. Il produit la moitiĂ© de tout l'acier du monde.
Une lĂ©gislation sociale se met en place dans les annĂ©es 1850 avec par exemple l'obligation du repos hebdomadaire pour les salariĂ©s et des limitations au travail des enfants. Les excĂšs de l'industrialisation et l'enlaidissement du cadre de vie suscitent une rĂ©action intellectuelle et artistique. Les romanciers comme Walter Scott exaltent le Moyen Ăge. D'autres, comme Charles Dickens, dĂ©noncent la condition faite aux enfants.
La société reste fortement hiérarchisée mais l'ascension sociale par le mérite et le travail n'en est pas moins encouragée et bien réelle, selon une tradition toute britannique.
La sĂ©cularisation de la sociĂ©tĂ© anglaise est dĂ©jĂ en marche au milieu du XIXe siĂšcle. Un tiers des Britanniques ne se rĂ©clament d'aucune religion... mais tous partagent les mĂȘmes codes sociaux. Les classes populaires et l'aristocratie conservent des moeurs libertines ou dĂ©pravĂ©es, plus conformes aux traditions de «Merry England», l'Angleterre joyeuse du XVIIIe siĂšcle, vision pastorale, utopique et nostalgique de la sociĂ©tĂ© anglaise (comme la dĂ©peint le film "Barry Lyndon", un chef-d'oeuvre du cinĂ©aste Stanley Kubrick).
Ce sont surtout les classes moyennes engendrĂ©es par la RĂ©volution industrielle qui se montrent rĂ©ceptives Ă la morale rigide du prince Albert. Ces classes moyennes Ă©rigent un systĂšme de valeurs qui met l'accent sur la chastetĂ© mais aussi sur le travail et le «self-help», d'aprĂšs le titre d'un livre Ă succĂšs de 1859 prĂŽnant la responsabilitĂ© individuelle et un Ătat minimal.
Le bonheur de Victoria prend fin en 1861 avec la mort prématurée d'Albert, victime de la fiÚvre typhoïde. Prenant définitivement le deuil, la reine s'isole du monde, jusqu'à susciter parfois des rumeurs malveillantes dans l'opinion publique.
La Grande-Bretagne n'en poursuit pas moins sa marche en avant... La vie, cependant, reprit peu Ă peu son cours. En 1866, la reine se dĂ©cida Ă ouvrir la session du Parlement et sâengagea lâannĂ©e suivante Ă soutenir la grande rĂ©forme Ă©lectorale dĂ©fendue par les conservateurs lord Derby et Benjamin Disraeli. Ce dernier joua un rĂŽle dĂ©cisif dans le retour en grĂące de Victoria.
Ses derniĂšres annĂ©es furent pour la souveraine celles dâune apothĂ©ose. Son jubilĂ© dâor, qui fĂȘtait en 1887 ses 50 ans de rĂšgne, fut marquĂ© par de somptueuses festivitĂ©s : un grand banquet fut donnĂ©, auquel furent invitĂ©s tous les grands de ce monde, et une procession fut organisĂ©e Ă lâabbaye de Westminster. Dix ans plus tard, le royaume cĂ©lĂ©bra le jubilĂ© de diamant dâune reine bientĂŽt octogĂ©naire, Ă lâĂ©gard de qui le pays tout entier tĂ©moigna sa ferveur et son affection.
Affaiblie, diminuĂ©e par les rhumatismes et la cataracte, Victoria mourut Ă Osborne, dans sa rĂ©sidence de lâĂźle de Wight, le 22 janvier 1901, veillĂ©e par son fils aĂźnĂ© Ădouard et par son petit-fils, le Kaiser Guillaume II. Ses funĂ©railles, quâelle avait voulues militaires en raison de son statut de chef des armĂ©es, eurent lieu dans la chapelle du chĂąteau de Windsor, et elle fut inhumĂ©e aux cĂŽtĂ©s du prince Albert, dans le mausolĂ©e royal du parc.
En essaimant dans toutes les cours royales, les neuf enfants du couple ont valu à la reine le surnom de «grand-mÚre de l'Europe».
La reine Victoria régna sur le Royaume-Uni de 1837 à 1901, soit 63 ans et sept mois, ce qui demeura longtemps un record.
Si celui-ci a depuis peu Ă©tĂ© battu par lâactuelle reine Ălisabeth II, montĂ©e sur le trĂŽne en 1952, le long rĂšgne de Victoria reste associĂ© Ă un incontestable moment dâapogĂ©e, celui oĂč lâAngleterre et la civilisation britannique dictaient leur loi au monde.