Lundi 21 novembre ! ELLE (s)... depuis 77 ans... đ°
nous fĂȘtons les Rufus, Albert de Louvain !
Le duc Albert de Louvain, de retour de croisade, est Ă©lu Ă©vĂȘque de LiĂšge Ă 25 ans, en 1191. L'empereur d'Allemagne refuse l'accession de ce Brabançon Ă l'influent siĂšge Ă©piscopal de LiĂšge. Albert doit aller plaider sa cause Ă Rome. A son retour, de passage Ă Reims, il est assassinĂ© par deux chevaliers allemands Ă la solde de l'empereur.
Le prénom Rufus vient d'un mot latin qui désigne une personne rousse.
đ C'est la JournĂ©e Mondiale de la TĂ©lĂ©vision
đ Le dicton du jour : "Quand il gĂšle en novembre, adieu l'herbe tendre"
đ La citation du jour : "Notre conscience est lâarchitecte de notre songe." Victor Hugo
"Quand il gĂšle en novembre, adieu l'herbe tendre "
Cela s'est passé un 21 novembre :
21 novembre 1945 - PremiĂšre parution du magazine ELLE
HĂ©lĂšne Gordon-Lazareff a crĂ©Ă© le magazine au moment de la LibĂ©ration, dĂšs son retour des Etats-Unis, avec Marcelle Auclair, quelques mois aprĂšs lâadoption du droit de vote pour les femmes en France.
Issue dâune famille de la haute bourgeoisie russe exilĂ©e par la rĂ©volution, lâenvie de celle que l'on surnomme "la Tzarine" est de crĂ©er "un journal de mode Ă la fois moderne, sophistiquĂ©, Ă©laborĂ© par et pour les femmes".
Des femmes qui, au sortir de la guerre, sont devenues des citoyennes au mĂȘme titre que les hommes, mais ont encore beaucoup de combats Ă mener. Par la suite, « elles ont Ă©normĂ©ment obtenu. Le droit de travailler, de disposer dâelles-mĂȘmes, de maĂźtriser leur corps⊠Mais elles avaient envie aussi, de vivre tout cela dans la joie, la lĂ©gĂšretĂ©, la fiertĂ© ! DĂšs ses dĂ©buts, ELLE fut lĂ pour accompagner la rĂ©volution des femmes »
"Accompagner" ni plus ni moins. Car, si ELLE se revendique un cĂŽtĂ© frondeuse dans sa frivolitĂ©, ELLE freine aussi lâĂ©mancipation des femmes de son Ă©poque. Le magazine fĂ©minin insiste Ă ses dĂ©buts sur les rĂŽles traditionnels dĂ©volus au deuxiĂšme sexe. Les premiĂšres Unes nâont effectivement « rien de rĂ©volutionnaire ».
Dans les annĂ©es 1950, câest surtout la femme en tant quâĂ©pouse-mĂšre qui pose et certainement pas une femme au travail, autonome et « rĂ©sistante » comme se lâimagine Françoise-Marie Santucci. La "working-girl" nâapparaĂźtra quâen 1974 grĂące notamment au crĂ©ateur Yves Saint Laurent qui lance le smoking pour dames. Câest presque dix ans aprĂšs la loi du 13 juillet 1965 qui autorise les femmes Ă ouvrir un compte bancaire et exercer une activitĂ© professionnelle sans le consentement de leur mari.
Un événement va faire monter au créneau les militantes féministes de la deuxiÚme vague : "Les Etats Généraux de la Femme" organisé par ELLE en 1970. AprÚs avoir diffusé un questionnaire aux comités de lectrices, le magazine les invitent à passer trois jours à Versailles pour débattre des réformes nécessaires à l'amélioration de leur "condition". Aucun sujet n'est tabou, contraception, avortement, égalité des droits, etc... : à cette époque tout restait à conquérir.
Une dĂ©marche essentiellement "progressiste" selon ELLE, mais pas pour le "Mouvement de LibĂ©ration de la Femme" (MLF), trĂšs actif Ă lâĂ©poque. "Jâavais rĂ©ussi Ă passer la sĂ©curitĂ© et jâĂ©tais parvenue Ă interrompre lâassemblĂ©e gĂ©nĂ©rale, se rappelle la sociologue fĂ©ministe Christine Delphy. Nous estimions que le questionnaire entĂ©rinait la domination masculine, et nous en avons fait une parodie". Et, ce qui scandalise surtout lâancienne militante, câest que le magazine "nâa pas utilisĂ© les vraies rĂ©ponses de ses lectrices. Il se fichait Ă©perdument de leurs vraies revendications".
Jouant de lâamalgame entre fĂ©minitĂ© et fĂ©minisme, le magazine rĂ©ussit pourtant Ă se dĂ©marquer de ses concurrents dâalors, les conservateurs Claudine et Marie-France.
Lâune de ses stratĂ©gies va ĂȘtre de "faire appel Ă des plumes extĂ©rieures, plus corrosives", explique Claire Blandin, historienne. Dans les annĂ©es 1960, lâĂ©crivaine Fanny Deschamps et l'auteure fĂ©ministe, BenoĂźte Groult, y publient de nombreux articles et reportages. MĂȘme si trĂšs vite, en raison de son engagement, cette derniĂšre quitte le journal pour co-fonder en 1978 avec Claude Servan-Schreiber (Ă lâorigine de ParitĂ©-infos) F Magazine, arrĂȘtĂ© en 1982.
Lâautre stratagĂšme de ELLE pour donner une image plus engagĂ©e est de parler des problĂšmes de sociĂ©tĂ© Ă lâĂ©tranger, mais rarement en France. On le voit trĂšs bien lors de la JournĂ©e internationale des droits des femmes, le 8 mars. En France, la presse fĂ©minine a tendance Ă dire que, pour les Françaises, lâĂ©galitĂ© est acquise, quâil nây a plus de problĂšmes. Câest donc des femmes opprimĂ©es Ă lâĂ©tranger quâil faut se soucier.
En effet, lorsque ELLE dĂ©laisse ses gravures de mode pour sâintĂ©resser Ă des questions de fond, il aborde avant tout des violences Ă©loignĂ©es de notre monde occidental (Afghanistan, Iran, Afrique,âŠ). Non pas quâil ne faille pas en parler, bien au contraire, mais Ă force de faire lâimpasse sur "lâOccident", cela tend Ă faire croire aux lectrices que ces inhumanitĂ©s faites aux femmes nâont pas lieu chez nous.
ELLE innove cependant au sein de son propre fonctionnement : contrairement Ă ses concurrents, la rĂ©daction en chef est confiĂ©e Ă une femme. Mais les hommes participent Ă sa confection, et ce dĂšs le dĂ©but. Le mari dâHĂ©lĂšne Gordon-Lazareff, Pierre Lazareff "demeure en effet trĂšs prĂ©sent dans lâĂ©laboration de chaque numĂ©ro". ELLE se dĂ©marque donc de ses concurrents oĂč tous les postes de direction sont occupĂ©s par des hommes. La revue se caractĂ©rise par un personnel nombreux, trĂšs fĂ©minisĂ© bien quâencadrĂ© par quelques personnalitĂ©s masculines.
La rĂ©daction ne fait que "se conformer au discours social ambiant. En aucun cas, il ne sâagit de prendre des risques dans lâengagement au niveau du combat pour lâĂ©galitĂ© dans la sociĂ©tĂ© française".
Autrement dit, le magazine ne va traiter de la pilule contraceptive quâune fois la loi Neuwirth du 19 dĂ©cembre 1967 promulguĂ©e. Plus rĂ©cemment, le magazine nâa mis en avant la question du mariage pour tous, avec en Une, la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, que lorsque la loi a passĂ© lâĂ©tape dĂ©cisive du Conseil des Ministres. "Jamais ELLE nâa fait de Une quand Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des Droits des femmes, portait le dossier en 2012. CâĂ©tait pourtant le moment oĂč la question Ă©tait rĂ©ellement dĂ©battue".
21 novembre 1945 - C'est la premiĂšre couverture de ELLE avec Yolande Bloin, la cover-girl Ă succĂšs de l'Ă©poque.
23 fĂ©vrier 1953. Entre utopie et appareils de cuisine, voici le symbole absolu de la sociĂ©tĂ© de consommation qui, Ă lâĂ©poque, se veut lĂ©gĂšre et gaie. Tous les ans, ELLE consacre un numĂ©ro spĂ©cial aux arts mĂ©nagers, oĂč sont dĂ©crites par le menu les derniĂšres tendances de la maison.
1963. Timide mais dĂ©terminĂ©e,Françoise Hardy impose naturellement un style trĂšs personnel, entre androgynie et radicalitĂ© moderne. Elle est la seule personnalitĂ©, en 1966, Ă assumer le tout premier smoking dâYves Saint Laurent et deviendra une Ă©gĂ©rie naturelle de CourrĂšges et de Paco Rabanne. Son photographe : Marc Hispard.
les plus belles couvertures au fil des années...