Jean Ignace Isidore Gérard dit Grandville est né  le 13 septembre 1803 à  Nancy.

Formé au dessin par son père, miniaturiste de profession, Jean Ignace Isidore Gérard perfectionne son trait en reproduisant les caricatures d'une presse satirique qui n'en est alors qu'à ses balbutiements. Il s'imprègne alors des idées libérales et anticléricales et, très vite, il se fait une spécialité de représenter les personnes qu'il caricature en créatures mi-humaines mi-animales.

Au mitan des années 1820, l'artiste quitte Nancy pour s'installer dans la capitale. Un déménagement qui va lui permettre de se faire connaître, d'abord comme lithographe puis comme dessinateur satirique. Sa notoriété naissante lui permet de collaborer à plusieurs journaux célèbres tels que « la Caricature » ou « le Charivari ».

D'abord modeste, la situation financière de Grandville s'améliore au fil des années, au point qu'il loue à partir de 1837 une maison de campagne à Saint-Mandé, à quelques encablures du bois de Vincennes. L'artiste emboîte donc le pas « de tous les bourgeois soucieux de préserver leur calme au contact de la nature sans sacrifier pour autant le confort de leur résidence parisienne, souligne sa biographe Annie Renonciat. Il s'y retire pour travailler en paix, mais reçoit ses visiteurs tous les lundis à Paris. »

Dessinateur engagé contre les puissants, qu'ils soient religieux ou politiques, Grandville verra la quiétude de son havre saint-mandéen perturbée sous la monarchie de Juillet. Son atelier, aujourd'hui disparu, sera perquisitionné après un attentat manqué contre le roi Louis-Philippe. Une expérience douloureuse pour l'artiste, qui l'évoquera dans un dessin dans lequel les gendarmes sont représentés sous la forme d'une nuée de mouches coiffées d'un bicorne.

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Les dernières années de la vie de Grandville seront marquées par les décès. Ceux de ses trois premiers enfants d'abord -- aucun ne vivra plus de cinq ans --, celui de sa première femme ensuite.

Cette série de deuils conduira l'artiste à la folie. Il mourra le 17 avril 1847 à l'hôpital de Vanves (Hauts-de-Seine), où il avait été transporté après une crise de démence. Conformément à ses dernières volontés, Grandville sera enterré au cimetière nord de Saint-Mandé, où Juliette Drouet, la compagne historique de Victor Hugo, l'a rejoint trente-six ans plus tard. Entre une rue et une association à son nom, c'est bien le caricaturiste et non l'actrice qui a laissé la plus grande empreinte sur la commune.

Son œuvre se partage entre des planches satiriques et des illustrations, que Baudelaire comparait à un «appartement où le désordre serait systématiquement organisé». Les premières, dont beaucoup furent publiées dans La Caricature de Philipon, sont des charges de contemporains ou de violentes attaques contre la politique de la monarchie de Juillet.

La partie illustrative de son œuvre est la plus remarquable et elle connaît un regain de faveur depuis que les surréalistes ont découvert en Grandville un de leurs précurseurs. Grandville y reprend des formes de l'iconographie médiévale et maniériste, parfois renouvelées par Callot, puis par Goya, dont il exécuta des copies. Il s'agit essentiellement d'« hybrides », de mélanges entre les êtres humains, les animaux et les plantes. L'effet en est à la fois troublant et fantasque.

Le grand modèle est évidemment La Fontaine, dont Grandville illustra les Fables dans l'édition Fournier et Perrotin de 1838, avec un succès immense. Il exprime sa liberté d'artiste dans le choix des sujets et la manière de les traiter par une illustration littérale de la fable, une interprétation du contenu de la fable et une évocation de la fable dans une scène tout autre. Ces caricatures hommes-bêtes, mélangeant l’homme et l’animal deviennent désormais son domaine particulier.

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Des grands caricaturistes français du XIXe siècle, Jean-Jacques Grandville — patronyme choisi par ses grands-parents paternels qui furent comédiens à la cour du roi Stanislas -- est pourtant celui qui aura sans doute influencé le plus grand nombre d'artistes. Charlie Chaplin, Freddie Mercury, Georges Méliès, César : tous se sont inspirés de l'oeuvre de ce natif de Nancy (Meurthe-et-Moselle) qui passa les dernières années de sa vie à Saint-Mandé (Val-de-Marne).

Balzac et Grandville, une histoire naturelle
L'un tient la plume, l'autre, le crayon. La rencontre entre Honoré de Balzac et Jean-Jacques Grandville donna lieu à une série d'œuvres satiriques, poétiques et fantastiques. 

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