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L'arche de Jackie
2 août 2020

Dimanche 2 août - du "Tigre" à "Maigret"... ou Columbo...

aout

Le calendrier actuel, le calendrier dit "grégorien", compte 365 jours (ou 366 pour les années bissextiles). Il est divisé en 12 mois, selon une alternance presque parfaite de mois de 30 et de 31 jours. Elle n'est que "presque" parfaite, car cette alternance est faussée en été
Le Soleil, sur lequel se fonde le décompte du temps grégorien, n'a rien à voir avec cette bizarrerie. Il s'agit en fait d'une querelle d'ego. Notre calendrier se fonde sur un ancêtre, le calendrier julien, né d'une réforme de Jules César en 46 avant Jésus-Christ.
Dans ce calendrier, les mois ont alternativement 30 et 31 jours. Février fait exception : dernier mois de l'année, il a 28 jours les années communes et 29 jours les années bissextiles.

En l'an 716 de Rome (38 avant Jésus-Christ), Marc-Antoine, proche de Jules César qui vient d'être assassiné, imposa que le mois de "quintilis", le cinquième mois, devint le mois de Jules César, "julius", l'ancêtre de "juillet". Ce cinquième mois, mois d'été, comptait 31 jours.

Le mois d'août s'est d'abord appelé Sextilis (puisqu'il s'agissait du sixième mois de l'année). En l'an 746 de Rome (8 avant J.-C.), le Sénat romain décréta qu'il serait donné à ce mois  le nom d'Augustus, en hommage à l'empereur surnommé Auguste (Octave de son vrai nom), petit-neveu de César, de même qu'il avait été fait pour Jules César. Cet honneur lui fut attribué en guise de récompense pour sa victoire sur Cléopâtre, la reine d'Égypte.
Considérant également que cet empereur n'étant en rien inférieur à César, il fut décidé que son mois aurait autant de jours que le sien; on enleva donc un jour à Februarius pour l'ajouter à Augustus, qui en compta dès lors 31. Puis, pour éviter une suite de trois mois de 31 jours, on donna le trente et unième de septembre à octobre, et on fit de même pour novembre et décembre.
Aujourd'hui sur le f 
nous fêtons les Julien, Pierre-Julien !

Saint Pierre-Julien Eymard, fondateur des pères du Saint-Sacrement, mort en 1868.
Le prénom Julien vient du nom d'une illustre famille romaine, les "Julius" dont faisait partie, par exemple, Jules César.

"ce qu'août ne mûrit pas, ce n'est pas septembre qui le fera "

cela s'est passé un 2 août :
2 août 1913, en France, création de la police judiciaire
Après les "Brigades du Tigre", créées en 1907, est créée la direction régionale de la police judiciaire de Paris, plus communément appelée PJ.
Le 2 août 1913 Son siège est fixé sur l'île de la Cité, au 36, quai des Orfèvres, un lieu devenu mythique par la grâce des cinéastes et des romanciers, tel Georges Simenon.

Les "Brigades du Tigre"
Instituée par un arrêté du préfet de police de Paris Célestin Hennion, la PJ est le point d'orgue de la vaste réorganisation des services de police entamée par le même personnage six ans plus tôt, en qualité de directeur de la sûreté générale du ministre de l'Intérieur, Georges Clemenceau.
Il s'agit de lutter contre le crime et la délinquance, qui sévissent à grande échelle, tant dans les faubourgs que dans les campagnes.
Les citadins et les bourgeois de cette "Belle Époque" s'émeuvent de la violence des bandes organisées, tels les "Apaches" mis en scène par Jacques Becker dans son chef d'œuvre Casque d'Or. Les gens des campagnes, quant à eux, endurent en silence les méfaits des "travailleurs de la nuit" ou des "chauffeurs", qui agressent les personnes âgées et isolées, les torturent et leur brûlent les pieds afin de leur faire avouer la cache de leurs économies.

Au fil des jours d'août... Brigad10 véhicule blindé de la brigade de la sûreté générale

La gendarmerie et la police locales étaient impuissantes et trop mal équipées pour faire face à ces bandes. Sur le conseil de Célestin Hennion, Georges Clemenceau institue le 4 mars 1907 un contrôle général des services de recherches judiciaires sous le commandement du commissaire Jules Sébille, puis, le 30 décembre 1907, douze brigades régionales de police mobile chargées de combattre le crime organisé sur tout le territoire.
Constituées de commissaires et d'inspecteurs, équipées de voitures puissantes du dernier cri, en un temps où l'on ne stipendiait pas les services publics, ces brigades vont obtenir en une année des résultats probants avec l'arrestation de près de trois mille personnes dont 65 meurtriers.
Clemenceau y gagne le surnom de "Tigre" et ses brigades deviennent bien sûr les "Brigades du Tigre".

Au fil des jours d'août... Pj_110

Ces brigades sont implantées à Paris (1ère), Lille (2ème), Caen (3ème), Nantes (4ème), Tours (5ème), Limoges (6ème), Bordeaux (7ème), Toulouse (8ème), Marseille (9ème), Lyon (10ème), Dijon (11ème) et Châlons-sur-Marne (12ème).
En quelques mois, elles vont obtenir des résultats particulièrement significatifs.
Leur premier bilan officiel, publié dans "le Temps" du 21 février 1909, fait état de 2 695 arrestations dont celles de 65 meurtriers, 7 violeurs, 10 faux-monnayeurs, 283 escrocs et 193 cambrioleurs ou voleurs à main armée.

Equipées dès 1910 de voitures (limousines De Dion Bouton puis Panhard Levassor) et comprenant chacune une douzaine de commissaires et inspecteurs, les brigades de police mobile ont une « mission exclusive de police judiciaire » ainsi que le souligne la circulaire de Clémenceau du 4 avril 1908 qui précise «En procédant [à la création de ces brigades], le Gouvernement a pour but unique de doter notre pays d'un organisme devenu indispensable à la préservation sociale.
Il a voulu faire rechercher et poursuivre par des agents expérimentés se déplaçant rapidement, investis d'une compétence étendue, les malfaiteurs de toutes catégories auxquels l'extension et le perfectionnement des moyens de communication offrent de jour en jour des facilités plus grandes d'évasion et que trop souvent ne peuvent atteindre les polices locales, indépendantes les unes des autres, sans contact de commune à commune, enfermées dans d'étroites et infranchissables juridictions».
Les brigades mobiles verront leur nombre s'accroître rapidement. Un décret du 31 août 1911 porte leur nombre à quinze. Sont alors créées les brigades de Rennes (13ème), Montpellier (14ème) et Nancy (15ème). Dans le même temps, les brigades d'Angers (4ème), Orléans (5ème), Clermont-Ferrand (6ème) et Reims (12ème) remplacent respectivement celles de Nantes, Tours, Limoges et Châlons.On les trouvera impliquées dans plusieurs affaires célèbres du moment telle la traque de la « la Bande à Bonnot » (1912) ou encore l'enquête sur le meurtre de l'industriel breton Louis Cadiou (1913).

La grande traque
La création de la Police judiciaire complète le processus et dote la France d’une "police chargée de seconder l’autorité judiciaire dans la répression des crimes et des délits". C'est la plus grande réforme en matière de sécurité publique depuis l'institution de la lieutenance de police de Paris par Louis XIV, en 1667...
Le 15 mars 1667, par un édit signé à Saint-Germain-en-Laye, le roi Louis XIV confie à Gabriel Nicolas de La Reynie (42 ans), un magistrat originaire de Limoges, la charge inédite de lieutenant de police de Paris. C'est l'acte de naissance de la police moderne.
Le roi, habituellement jaloux de son autorité, ne craint pas de déléguer à La Reynie des pouvoirs très étendus sur l'administration et la population de la capitale.

Au fil des jours d'août... Lareyn11

Une capitale indigne du Roi-Soleil
Le jeune roi, qui vit encore au Louvre, tolère mal l'insécurité et la saleté de la capitale. Paris, qui attire des gens de tout le royaume depuis le Moyen Âge, compte alors un demi-million d'habitants dont environ 30 000 larrons et mendiants. Ces malfrats constituent une véritable puissance parallèle sous l'autorité d'un chef occulte qui défie le Roi-Soleil.
Déguisés en estropiés, pendant la journée, ils harcèlent le chaland en tout point de la capitale. Mais la nuit, ils se replient dans un quartier mal famé adossé à l'ancienne enceinte de Charles V, près de la porte Saint-Denis. Ils "ne sont pas plutôt de retour chez eux, qu'ils se dégraissent, se débarbouillent et deviennent sains et gaillards en un instant" (Dictionnaire historique de Paris, 1779). Cette transformation proprement "miraculeuse" vaut au quartier l'appellation ironique de "Cour des miracles" !
Pour faire face à cette engeance, la capitale dispose avant la nomination de La Reynie de guets, gardes et polices inefficaces, mal gérées et rivales, héritées du Moyen Âge et subordonnées à telle ou telle magistrature ou corporation.
Le gouvernement de Louis XIV tente aussi de chasser les mendiants de l'espace public. En 1656, il crée un "hôpital général des pauvres" qui regroupe plusieurs établissements hospitaliers de la capitale et somme les mendiants soient de s'y rendre, soit de quitter la ville. C'est un échec.

Un policier en odeur de sainteté
Le nouveau lieutenant de police prend à cœur sa tâche. Installé au Châtelet, près de la Seine et de l'île de la Cité, il rassemble sous son autorité tous les corps de police (commissariats, prévôté de l'île, archers et exempts du guet, compagnie du lieutenant criminel). Il se fait représenter dans les 17 quartiers de la ville par 48 commissaires de police.
Il liquide aussi la Cour des miracles. Se rendant sur place avec des sergents à cheval et des soldats du guet, il fait ouvrir six brèches dans l'enceint de Charles V puis avertit au porte-voix les occupants qu'il va investir le lieu et que les douze derniers qui n'auront pas fui à temps seront pendus ou envoyés aux galères. Les truands ne se le font pas dire deux fois et s'enfuient par les brèches sans demander leur reste.
La Reynie n'a obtenu qu'une victoire provisoire car d'autres Cours des miracles se reconstitueront au fil des ans, nourries par la misère qui chasse des campagnes quantité de malheureux.
La Reynie se signale aussi par son zèle et son efficacité dans l' "Affaire des poisons", un sordide fait divers qui va jeter une ombre sur le règne du Roi-Soleil. Suite à l'arrestation et l'exécution d'une empoisonneuse, la marquise de Brinvilliers, le 17 juillet 1676, il lance ses limiers dans les milieux interlopes de Saint-Denis, où se pratique le commerce des poisons (aimablement qualifiés de "poudre de succession" car ils facilitent les héritages).
De fil en aiguille, de découvertes en accusations, ils remontent ainsi jusqu'à la Cour de Versailles et à l'entourage du roi, jusqu'à compromettre gravement la maîtresse en titre de celui-ci, Madame de Montespan.
Le lieutenant de police, plus tard lieutenant général de police, a une vision extensive de sa mission. Il fait ainsi installer l'éclairage public dans les rues à l'aide de lanternes afin d'en diminuer l'insécurité. Il développe aussi le pavage des rues et l'adduction d'eau et engage avec méthode la lutte contre les incendies et les épidémies, faisant de Paris l'une des métropoles les plus propres d'Europe... À bout de forces, il ne se retirera qu'en 1697, entouré de l'estime générale.

Aujourd’hui encore, le logo de la direction centrale de la police judiciaire évoque ouvertement ces brigades : on y voit les profils d’un tigre rugissant et celui de Georges Clemenceau.

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