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L'arche de Jackie
11 avril 2021

Dimanche 11 avril - "Jacques Prévert, titi des faubourgs parisiens et prince du réalisme poétique"

dicton10

Nous fêtons les Stanislas !

Saint Stanislas, évêque de Cracovie, mort en martyr. Parce que Saint Stanislas l'avait excommunié, le roi Boleslas, dit le Cruel, l'égorgea en personne au pied de l'autel durant la messe en 1079. Le prénom Stanislas vient du mot "stan" qui signifie "être debout" et du mot "slava" qui signifie "gloire". (étymologie slave).

🖋 Le dicton du jour : "S'il gèle à la Saint Stanislas, on aura deux jours de glace "

📕 La citation du jour : "Est-on maître d'aimer ? Pourquoi deux êtres s'aiment, Demande à l'eau qui court, demande à l'air qui fuit." Victor Hugo

Cela s’est passé un 11 avril :

11 avril 1077 - décès de Jacques prévention, poète et scénariste français 

Après le succès de son premier recueil de poèmes, « Paroles », il devint un poète populaire grâce à son langage familier et ses jeux de mots. Ses poèmes sont depuis lors célèbres dans le monde francophone et massivement appris dans les écoles françaises. Il a également écrit des scénarios pour le cinéma.

Le "titi parisien" 

Jacques Prévert naît au 19 de la rue de Chartres à Neuilly-sur-Seine (actuellement Hauts-de-Seine) le 4 février 1900. Il y passe son enfance. Son père André Prévert, fait divers métiers pour gagner sa vie et de la critique dramatique et cinématographique par plaisir. Il l’emmène souvent au théâtre et au cinéma. Suzanne, sa mère (née Catusse), l’initie à la lecture. Il s’ennuie à l’école, et dès 15 ans, après son certificat d’études, il la quitte. Il multiplie alors les petits travaux, notamment au grand magasin Le Bon Marché.

Si Prévert est toujours resté discret sur sa vie, nul doute qu'il ait été très lié à son frère cadet, Pierre (1906-1988). Celui-ci réalisera des films, après avoir été assistant réalisateur, en particulier de Jean Renoir, et comédien (dès 1930, il tient un petit rôle dans l'Âge d'or, de Luis Buñuel). En 1932, il tournera, sur un scénario de son frère, L'affaire est dans le sac, une pochade appréciée des surréalistes mais sans succès commercial.

La Première Guerre mondiale marque la fin de ce singulier apprentissage. D’abord mobilisé en 1918, son service militaire se poursuit à Saint-Nicolas-de-Port où il rencontre Yves Tanguy avant d’être envoyé à Istanbul où il fera la connaissance de Marcel Duhamel.

Lorsqu'il revient à Paris, il se lie avec les surréalistes, dont le mouvement est alors en pleine ébullition. Le vent de liberté — et même libertaire — qui souffle autour de ce groupe ne peut que le séduire, et il participe à toutes ses expériences. 

En 1925, il participe au mouvement surréaliste, qui se regroupe au 54 de la rue du Château près de Montparnasse. C’est en fait un logement « collectif » où habitent Marcel Duhamel, Raymond Queneau et Yves Tanguy. C’est Prévert qui trouvera le terme de cadavre exquis pour définir le jeu littéraire auquel ses amis et lui se livrent. Prévert est toutefois trop indépendant d’esprit pour faire véritablement partie d’un groupe constitué, quel qu’il soit. 

Mais comment pourrait-il s'accommoder d'un esprit malgré tout de système et de manifestes théoriques ? En profond désaccord avec André Breton, dont il supporte mal les exigences, il quitte les surréalistes en 1929, non sans un certain fracas. Mais il emporte avec lui les trésors de fantaisie qu'il a découverts avec eux et dont il tirera un usage personnel.

"Les mots et le cinéma "

Son premier texte marquant peut être daté de 1931 : Tentative de description d'un dîner de têtes à Paris. Malgré ces premières expériences littéraires, c'est le cinéma qui va d'abord populariser son nom. Ses dialogues étincelants et son sens de l'intrigue font de lui le principal représentant du « réalisme poétique ». Scénariste, il travaille avec Renoir et, surtout, avec Carné, pour qui il écrit les chefs-d'œuvre du cinéma français de l'entre-deux-guerres et de l'Occupation : « Drôle de drame », « Le Quai des brumes », « Le jour se lève », « Les Visiteurs du soir », « Les Enfants du paradis » et « Les Portes de la nuit » de Marcel Carné, « Le Crime de Monsieur Lange » de Jean Renoir, « Remorques et Lumière d’été » de Jean Grémillon.

Dans l'après-guerre, après "les Portes de la nuit" (1946), l'activité de dialoguiste de Prévert se ralentit, même s'il collabore encore à quelques films, en particulier au dessin animé de son ami Paul Grimault. Il a, à deux reprises, adapté des contes de Hans Christian Andersen, d’abord « La Bergère et le Ramoneur » devenu « Le Roi et l’Oiseau », film d’animation de Paul Grimault en 1957, puis en 1964, « Grand Claus et Petit Claus », autre conte d’Andersen, à la télévision, « Le Petit Claus et le Grand Claus » de son frère Pierre Prévert.

« Le cinéma et la poésie, c'est quelquefois la même chose ! » répond Prévert à un journaliste qui l'interroge sur sa double activité de poète et de scénariste. De fait, on retrouve dans les dialogues tout le charme des poèmes : humour, fantaisie, lyrisme, mais aussi sens du destin et mépris des valeurs matérialistes et moralistes. Les pauvres gens, même s'ils appartiennent à « la canaille », sont souvent de braves gens. Le malheur serait plutôt incarné par ce bourgeois des Enfants du paradis qui accuse — d'ailleurs à tort — Garance de lui avoir volé sa montre en or. Une montre, triste instrument de mesure, misérable signe d'une médiocre réussite, « un peu d'or avec des ressorts dedans ».

Dès le premier film de Prévert, "L'affaire est dans le sac", les gags poétiques sont au service d'une critique sociale. "Quai des brumes ou "Le jour se lève" relèvent d'une veine plus tragique, jugée avant-guerre « démoralisante » par les autorités, « pessimiste » par les producteurs. Le destin prend souvent l'apparence d'un personnage marginal et inquiétant : un clochard, un peintre, un colporteur. L'humour, délicat ou brillant, peut aussi devenir amer et grinçant. En ce sens, l'œuvre cinématographique de Prévert est comme une image symbolique de la France de l'époque, riche d'espoirs lors du Front populaire, et pleine d'inquiétude à la veille de la mobilisation. Mais, que le ton en soit grave ou léger, tous ses films baignent dans un climat onirique ou même, comme dans "les Visiteurs du soir", franchement magique. Dans cet univers complexe, c'est pourtant « le malheur avec une montre en or qui gagne à — presque — tous les coups ».

Bien que Prévert ait travaillé avec de nombreux réalisateurs, sa collaboration avec Marcel Carné marque le sommet de ce qu'on a appelé le « réalisme poétique », qui est sans doute le grand moment du cinéma français, et qui trouve avec les Enfants du paradis sa plus parfaite expression.

Les films écrits après la guerre n'ont pas la portée des précédents, soit que la veine de Prévert se soit épuisée, soit que les temps aient changé, soit qu'un charme ait été rompu dans l'étroite collaboration qu'exige au cinéma le travail d'équipe. Mais un seul de ses scénarios d'avant-guerre aurait suffi pour assurer à Prévert une place capitale à la frontière du cinéma et de la littérature.

Les "Paroles et les écrits" 

Il s'occupe plutôt de rassembler ses poèmes, jusqu'alors dispersés dans d'innombrables revues ou entre les mains d'amis.7

Les recueils se succèdent : Paroles, Spectacle, la Pluie et le Beau Temps, Histoires, Fatras. Ses poèmes sont mis en musique par Joseph Kosma dès 1935 (À la belle étoile) : ses interprètes seront entre autres Agnès Capri, Juliette Gréco, Les Frères Jacques, Yves Montand. Son recueil « Paroles », publié en 1946, obtient un vif succès.

Tous rencontrent un succès immédiat, un succès véritablement populaire, qui dépasse largement les milieux littéraires. Celui qu'on tient désormais pour un poète a noué de solides amitiés : peintres, chanteurs, comédiens, photographes. Juliette Gréco, Yves Montand ou Robert Doisneau incarnent ou fixent cette atmosphère « populiste », « existentialiste » ou « rive gauche », qui contribue à l'univers du Paris d'alors ; Joseph Kosma met en musique de nombreux textes, qui deviennent des chansons célèbres, restées sur toutes les lèvres : les Feuilles mortes, Barbara, Je suis comme je suis..

Il écrit des pièces de théâtre. Son anticléricalisme, parfois violent, est souvent occulté par le public, au profit de ses thèmes sur l’enfance et la nature.

Un grand nombre de textes divers, préfaces, hommages, catalogues d'exposition, attendent encore d'être rassemblés. Cependant, n'obéissant toujours qu'à son caprice, Prévert continue d'accumuler de nombreux collages, fragments de photographies découpés et collés qui font errer des animaux monstrueux dans des paysages de nulle part, ou font pousser des têtes de femmes sur d'impossibles végétaux. Il ne cesse pas non plus de recevoir ses amis, d'accueillir les visiteurs, de promener dans les rues de Paris sa silhouette rigide et son visage de Pierrot triste, où la cigarette semble se fondre au profil. 

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Son domicile parisien est situé dans le quartier de Montmartre, au fond d’une petite impasse derrière le Moulin Rouge, sur le même palier que Boris Vian. Son domicile secondaire est à Antibes, mais, à la suite de la résiliation de son bail par le propriétaire qui souhaitait récupérer l’appartement des remparts et n’ayant pu obtenir le soutien du maire pour le garder, il doit quitter Antibes. Sur les conseils du décorateur Alexandre Trauner, il achète alors une maison en 1971 à Omonville-la-Petite, dans la Manche. Le 11 avril 1977, il y meurt des suites d’un cancer du poumon, lui qui avait toujours la cigarette à la bouche. Il avait 77 ans.

Aux côtés de sa femme, Janine Tricotet qu’il épousa en 1947, de sa fille, Michèle née en 1946, et d’Alexandre Trauner, il est enterré au cimetière d’Omonville-la-Petite, où l’on peut également y visiter sa maison. Non loin de là, à Saint-Germain-des-Vaux, ses amis ont aménagé un jardin dédié au poète.

Le groupe Octobre

En 1932, il écrit les textes pour le groupe « Octobre » et il participera aux Olympiades du théâtre à Moscou.

Issue du groupe Prémices, cette compagnie de théâtre ouvrier fut fondée en 1932 et resta active jusqu'à l'heure du Front populaire. Prévert fit partie du groupe Octobre, sur lequel soufflait un esprit de révolte sans contrainte.

Soutenu par la Fédération du théâtre ouvrier de France, le groupe se rendit en 1933 aux Olympiades internationales du théâtre ouvrier, à Moscou, où il remporta le premier prix. La troupe — constituée, entre autres, de Sylvain Itkine, de Marcel Duhamel (le futur fondateur de la Série noire), de Jean-Paul Le Chanois (le futur cinéaste alors metteur en scène et comédien, tout comme Roger Blin), et des acteurs Jacques-Bernard Brunius, Raymond Bussières et Jean Dasté — joua un répertoire, en majeure partie écrit par Jacques Prévert, à l'humour féroce, sur fond de satire sociale et politique. C'est ainsi que, en 1933, dans la Bataille de Fontenoy, la Première Guerre mondiale est présentée comme un jeu cruel livré à des spectateurs stupides qui exigent le sang de jeunes gens sacrifiés à des idéaux absurdes. Sa sympathie pour la révolution des « damnés de la terre » ne va pas jusqu'à lui faire accepter la discipline d'un parti, et il a tôt fait de prendre ses distances avec l'Union soviétique.

 

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