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L'arche de Jackie
20 avril 2021

Métier d'art, "Ennoblisseur textile" - le peintre décorateur sur tissu (4ème partie)

Le peintre décorateur sur tissu

Avec une craie, un fusain ou un calque, le peintre décorateur sur tissu reproduit le patron sur une pièce textile lavée et séchée au préalable. Il peint le modèle avec pinceaux, brosses, pochoirs ou éponges en séparant parfois les zones de couleurs par une matière naturelle (gutta…).

La peinture sur tissu est un art très ancien, qui consiste à décorer diverses textures, plus particulièrement des fibres naturelles qui fixent la peinture mieux qu’un textile synthétique, au moyen de colorants spécifiques fixés par divers procédés de fixation selon le type de fibres textiles utilisées.

Les tissus ainsi décorés sont utilisés soit pour la décoration soit pour l’ornementation domestique ou vestimentaire (ornementation de fauteuil, rideau, tête de lit, nappes, couvres lits, abat- jour, étui de coussin, foulard ...).

Si les origines de la peinture sur tissu remontent à la période pharaonique, le plus ancien décor européen peint sur textile est daté du XIVe siècle. Les bourses peintes à la main ou au bloc de bois étaient une alternative bon marché auxsoieries et velours tissés. La peinture  sur tissu a longtemps présenté un problème de fixation des couleurs, c’est pourquoi il existe peu de traces de ce métier d’art qui a connu un essor considérable au XXe siècle grâce aux progrès technologiques d’impression et de fixation des colorants.

Ainsi, le dessin textile est devenu un mode d’expression plastique au XXe siècle. Les formes naturalistes inspirées des portraits peints de la Renaissance ont évolué vers une stylisation élaborée par le décorateur William Morris et Mariano Fortuny. Puis les peintres ont été influencés par l’abstraction composée d’artistes de la Wiener Werkstatte, du Bauhaus ou des artistes peintres comme Raoul Dufy ou Sonia Delaunay.

Au cours de l’histoire, les styles byzantin, sassanide, ottoman, chinois, persan, flamand, vénitien, de la Belle époque ou des années folles ont mis en scène les éléments de décoration comme la flore (palmettes, fleur de lotus, pomme de pin, grenade), la faune (animaux affrontés, simurgh, lapins, faisans, paon, perdrix, cygne) et les motifs géométriques.
La décoration peinte sur tissu offre au décorateur la possibilité d’inventer une expérience esthétique à partir du dessin. Le peintre décorateur établi un équilibre entre le fond, la forme, la couleur et les matières qui sont le colorant et le tissu. Le peintre décorateur sur tissu commence généralement par choisir et étudier la nature du textile à peindre. Il utilise le plus souvent des fibres naturelles qui fixent la peinture mieux qu’un textile synthétique. En effet, chaque fibre textile fixe la matière différemment et la peinture est choisie selon l’effet  du rendu de sa matérialité. Puis il procède au décatissage. C'est-à-dire qu’il s’assure que le tissu à peindre n’est pas apprêté en le laissant tremper dans un bain d’eau avec un adjuvant spécial, souvent l’alun, à une température adaptée à l’étoffe.
Le peintre dessine ensuite, au crayon ou à l’aquarelle, un motif à l’échelle 1/50ème sur du papier. Ce dessin est ensuite reproduit à l’échelle 1/10ème sur un autre papier appelé «carton». Il existe plusieurs techniques de report du carton sur le tissu. La méthode classique de reprise au carreau permet l’agrandissement du dessin. Elle consiste à quadriller le dessin à reproduire et à réaliser un quadrillage à la dimension souhaitée sur le tissu tendu sur un châssis. Le quadrillage doit avoir le même nombre de carreaux afin de conserver les proportions du dessin d’origine.
Pour le travail de décor de théâtre et de cinéma ainsi que les tentures murales, le report sur la grande toile à peindre peut s’effectuer au fusain ou à la craie. Pour de plus petites surfaces comme les vêtements et accessoires, le motif sera étudié afin d’être répété avec un raccord latéral et vertical et reporté par pochoir, sérigraphie, impression ou au dessin, par transparence sur une table de verre lumineuse.
Le peintre prépare ensuite sa matière colorante en fonction du support textile et de la technique utilisée pour peindre. Lors de cette étape de recherche, il détermine plusieurs gammes de couleurs. Les colorants sont mélangés à un liant pour adhérer parfaitement au tissu sans casser sa souplesse. Les grandes toiles de lin à peindre qui seront tendues en tentures murales ou en décor de théâtre peuvent être recouvertes de colle de peau, puis elles sont peintes, à l’eau ou à l’huile, comme une toile de peintre. Les velours, les soies et les cotonnades sont peints avec des colorants spéciaux dérivés de l’aniline ou avec des pigments naturels mélangés à un fixateur pour tissu, ce qui donne un colorant souvent épais. Les pongés ou satins de soie sont peints avec des colorants liquides dilués à l’eau. Par ailleurs, les tissus sont souvent préparés pour éviter que la peinture ne fuse, le peintre peut décider d’ajouter un épaississant dans sa matière colorante.
Si le peintre utilise souvent l’application au pinceau de colorants textiles, il est amené à combiner plusieurs techniques de peinture, plus ou moins anciennes, afin de trouver sa propre expression plastique. 
La sérigraphie est un procédé moderne d’impression souvent utilisé par les peintres décorateurs sur tissu. Une gaze monobrin en polyester est tendue sur un cadre et recouverte d’une émulsion photosensible. Ce vernis est ensuite insolé pour durcir au contact d’une source lumineuse aux endroits où la couleur ne doit pas atteindre le tissu. Pour cela, un film en polyester transparent sur lequel est imprimé le dessin à reproduire est plaqué contre le cadre et l’ensemble est soumis à un rayonnement ultra- violet. Aux endroits protégés par les traits ou surfaces du dessin, l’émulsion ne durcit pas. Un lavage à l’eau débouche les perforations non insolées. Le cadre est ensuite placé sur le tissu et le peintre vient balayer la surface du cadre avec une racle en exerçant une pression homogène, la matière est contrainte de traverser les micro- perforations laissées libres. Le peintre répète l’opération pour chaque couleur. Il est possible de superposer les couleurs afin d’obtenir des variations chromatiques. A échelle artisanale, la sérigraphie offre la possibilité de répéter rapidement un motif et d’obtenir des aplats difficile à exécuter au pinceau. Le peintre peut aussi décider de retoucher à la main une  image sérigraphiée afin d’obtenir une irrégularité dans le traitement esthétique de l’image ou de corriger les défauts d’impression, c’est le pinceautage. Retrouvée dans les soies chinoises de la dynastie Tang du III ème siècle, la peinture au pochoir est un autre procédé encore utilisé par les peintres décorateurs. Une plaque de carton ou de rhodoïd découpée selon le dessin à reproduire est posée sur le tissu. Le colorant est appliqué au pochon, pinceau brosse ronde, ou pulvérisé au travers des trous en permettant la répétition d’un même motif.
L’impression par enlevage demande de nombreuses opérations de trempage dans des cuves de solutions chimiques. Il existe deux techniques. Le procédé rongé en blanc permet de détruire la couleur par endroits à l’aide d’un rongeant, solution chimique d’agents  blanchissants, et de faire apparaître le dessin en blanc. Le procédé de l’enlevage coloré permet de détruire une couleur par un rongeant auquel on a ajouté un colorant insensible au produit, le dessin apparaît ainsi coloré. Les Indiennes, cotonnades des Indes du XVIe siècle, présentent déjà le procédé de l’impression à la main ou à la planche. Les dessins sont gravés en relief sur une planche de bois et enduits de teinture par contact avec un feutre imbibé de colorant. En appuyant fortement sur la planche posée sur le tissu, la couleur se dépose sur l’étoffe. On déplace la planche le long de l’étoffe en prêtant attention aux raccords. La peinture par réserves utilise la cire ou la paraffine pour former un écran imperméable au colorant qui limite la coloration du tissu à une surface précise. La technique du batik est une alternance de réserves et de bains de teinture. Ce procédé venu d’Extrême-Orient a été introduit en Europe au XVIIe siècle. Le tissu est enduit complètement de cire sur laquelle on trace un dessin. A l’aide d’un grattoir, on enlève la cire pour laisser apparaître les parties du dessin qui doivent être colorées. L’effet de la craquelure du batik est obtenu en froissant le tissu enduit de cire sèche avant le passage du tissu dans le bain de teinture, le colorant pénètre par les fissures irrégulières de la cire. Le peintre opère autant de recouvrements de cire que de couleurs. Quand l’impression est terminée, la cire est éliminée par un passage du tissu dans l’eau bouillante. La dernière opération consiste à fixer la matière colorante en conservant le touché d’origine du tissu. Là encore, il existe plusieurs procédés qu’il convient d’adapter au textile et à la peinture. Par exemple, le soyeux du velours de soie sera conservé une fois fixé à l’étuve, c'est-à-dire dans un bain de vapeur. Certains colorants comme l’encre de sérigraphie sont thermo-fixés au fer à repasser sans vapeur, d’autres comme la teinture au mordant ne nécessitent pas de fixage tandis que la peinture par réserves utilise le sel comme fixateur. Peinte et fixée, l’étoffe retrouve sa souplesse naturelle et ornemente la structure.

Daniel via dessin main levée gros plan_1

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