Mardi 25 mai - Dakar đžđł
Nous fĂȘtons les Sophie, Sofiane, Saphia, Sonia, en l'honneur de Sainte Madeleine-Sophie Barat, fondatrice de l'Institut des Soeurs du SacrĂ©-Coeur, morte en 1865. Le prĂ©nom Sophie signifie "sagesse" (Ă©tymologie grecque).
đ C'est la JournĂ©e mondiale de l'Afrique
đ Le dicton du jour : "Beaucoup de fleurs en mai, bel Ă©tĂ© assurĂ©"
đ La citation du jour : "Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre. MoralitĂ© : l'un d'eux s'ennuyait au logis." Tristan Bernard
Cela sâest passĂ© un 25 mai :
25 mai 1857 - fondation de Dakar
La colonie du SĂ©nĂ©gal est sĂ©parĂ©e administrativement en deux entitĂ©s territoriales, le contre-amiral Auguste-LĂ©opold Protet, commandant de la division navale des CĂŽtes occidentales dâAfrique, ayant autoritĂ© sur GorĂ©e et les Ă©tablissements français au sud de cette Ăźle, et Faidherbe gouvernant un territoire rĂ©duit Ă Saint-Louis et au fleuve.
Tandis que lâadministration de GorĂ©e dĂ©sire protĂ©ger du pillage les navires naufragĂ©s dans la baie de Yoff et sâaffranchir des droits et coutumes payĂ©s aux chefs de la presquâĂźle pour le ravitaillement en eau, vivres et combustibles, le gouvernement français, soucieux de sĂ©curitĂ© militaire, veut dĂ©fendre GorĂ©e en fortifiant la grande terre.
GorĂ©e sâenrichit, sa population sâaccroĂźt, son extension au-delĂ de ses limites (300 sur 900 mĂštres) devient une nĂ©cessitĂ©. Des traitants gorĂ©ens ont rejoint sur la presquâĂźle les missionnaires Ă©tablis depuis 1846 et participent au commerce naissant de lâarachide. Le commandant de GorĂ©e a le souci de les protĂ©ger. Ăliman Diol, le chef de Dakar, sollicite aide et assistance. Nâest-ce pas sur lâĂźle que se trouve la seule force capable dâempĂȘcher les interventions du Damel du Cayor contre les LĂ©bous de Dakar ?
En 1853, Protet, alors gouverneur du SĂ©nĂ©gal, fait lever par son chef du gĂ©nie, Faidherbe, un plan du village de Dakar (Dacar ou Dahar, qui signifie « tamarinier » en wolof). Le 13 janvier 1857, le mĂȘme Protet, depuis mars 1856 commandant supĂ©rieur de GorĂ©e et dĂ©pendances, dĂ©barque avec quelques troupes Ă Dakar et la maison du commerçant Jaubert, situĂ©e Ă lâactuel emplacement de la place de lâIndĂ©pendance, est acquise par le gouvernement et transformĂ©e en poste fortifiĂ©.
Le 25 mai 1857, Protet fait construire un petit fort sur lequel il fait flotter le drapeau Français Ă lâendroit oĂč se situe Dakar. Mais, il faut attendre plus dâune annĂ©e pour quâune ville commence Ă se dĂ©velopper et ce nâest quâau dĂ©but de XXĂšme siĂšcle que Dakar deviendra la capitale du SĂ©nĂ©gal. Lâancienne capitale Ă©tait Saint-Louis.
Une ville est Ă©bauchĂ©e par les soins de celui qui sera le vĂ©ritable fondateur de Dakar, le chef du gĂ©nie de GorĂ©e, Pinet-Laprade, qui deviendra en 1859 commandant supĂ©rieur de GorĂ©e et, en 1865, gouverneur du SĂ©nĂ©gal avant de mourir du cholĂ©ra en 1869. Un phare est construit sur la Grande Mamelle et la Compagnie des Messageries impĂ©riales sâengage Ă assurer la ligne du BrĂ©sil. CommencĂ© en 1862, le port de Dakar est inaugurĂ© en 1866.
La sĂ©paration entre Saint-Louis et GorĂ©e ne donne toutefois pas les rĂ©sultats attendus. Ă lâimpuissance des autoritĂ©s gorĂ©ennes de satisfaire les aspirations de comptoirs dispersĂ©s le long des cĂŽtes de GuinĂ©e, se rĂ©percutent les demandes des commerçants de GorĂ©e et dĂ©pendances dâun pouvoir fort et protecteur, et le souci de Pinet-Laprade, officier du gĂ©nie comme Faidherbe (gouverneur du SĂ©nĂ©gal de 1854 Ă 1861 et de 1863 Ă 1865), dâĂ©tablir une ligne tĂ©lĂ©graphique et un chemin de fer entre GorĂ©e et Saint-Louis.
Le regroupement des deux colonies permet Ă Faidherbe dâentreprendre une expĂ©dition qui dĂ©gage la presquâĂźle du Cap-Vert.
La presquâĂźle du Cap-Vert est situĂ©e Ă lâextrĂȘme ouest du continent africain et marque la frontiĂšre entre la Grande-CĂŽte au nord et la Petite-CĂŽte au sud, dĂ©limitĂ©e par la pointe des Almadies au nord-ouest et le cap Manuel au sud-est.
Son point culminant est lâune des deux collines volcaniques des Mamelles Ă Dakar, oĂč fut Ă©difiĂ© le phare des Mamelles.
Les LĂ©bous furent les premiers occupants de la presquâĂźle qui, aujourdâhui, abrite la ville de Dakar, son port et ses banlieues.
Le nom de âCap-Vertâ (Cabo Verde) lui fut donnĂ© en 1444 par le navigateur portugais Dinis Dias que la vĂ©gĂ©tation luxuriante de cette avancĂ©e rocheuse diffĂ©renciait de lâariditĂ© de lâarriĂšre-pays.
Lâadministration est transfĂ©rĂ©e en 1875 de GorĂ©e Ă Dakar, mais il faut attendre la construction du chemin de fer en 1883 pour donner Ă Dakar toute son importance, consacrĂ©e en 1887 par son Ă©rection en commune pour ses 8 700 habitants.
Elle se sĂ©pare ainsi de GorĂ©e quâelle absorbe en 1929.
En 1902, Dakar devient le siĂšge du Gouvernement gĂ©nĂ©ral de lâAfrique Occidentale Française et prend alors allure de capitale, avec un grand port de guerre et de commerce. La bataille de septembre 1940 et la crise de Suez en 1956 consacrent son importance mondiale.
Lors de son centenaire, cĂ©lĂ©brĂ© en grande pompe en 1957, la ville compte 400 000 habitants. LâannĂ©e suivante la capitale du SĂ©nĂ©gal est transfĂ©rĂ©e de Saint-Louis Ă Dakar.
(Source - livre de Jacques Charpy, archiviste-palĂ©ographe, conservateur gĂ©nĂ©ral honoraire du patrimoine, directeur honoraire des Archives de lâA.O.F. - 1958)