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L'arche de Jackie
18 août 2021

Mercredi 18 août - "L’Éléphant" quitte la scène 📖☕

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Nous fêtons les Hélène, Ilona !

Sainte Hélène, Impératrice byzantine, mère de l'empereur Constantin, morte en 329. Le prénom Hélène vient d'un mot grec qui signifie "éclat du soleil".

🖋 Le dicton du jour : "À la Sainte Hélène, la noix est pleine et le cerneau se met dans l'eau."

📕 La citation du jour : "Qui aime bien ses lunettes, ménage sa monture." Francis Blanche

Cela s’est passé un 18 août 

18 août 1850 - Décès à Paris d'Honoré de Balzac

Ce maître du roman est mort à la tâche le 18 août 1850, à 51 ans, après avoir brossé à travers la Comédie humaine (91 titres) un portrait cinglant de la société bourgeoise de son temps, la Restauration et le règne de Louis-Philippe.

Il vaut la peine de le relire en ce début du XXIe siècle, qui voit la résurgence de la bourgeoisie de rentiers caractéristique de cette époque.

L'ogre de la littérature - L'envol de l'« Éléphant »

Le 1er prairial an VII (ou plus commodément le 20 mai 1799) naît chez Bernard-François Balzac, à Tours, le petit Honoré.

Son père, issu d'une famille paysanne, est alors directeur des Vivres de la garnison de la ville. Personnage volontaire, il va vite réussir à ajouter une particule à son nom et des revenus conséquents à son foyer.

Sa jeune femme, bien décidée à en profiter, confie pendant 4 ans son premier-né à une nourrice avant de l'envoyer en pension chez les Oratoriens de Vendôme. Ce sont de bien tristes années pour le garçon qui soigne sa solitude en se consolant par la lecture.

Arrivée à Paris après le départ de Napoléon Ier, la famille pousse Honoré dans des études de notariat. « Petit clerc » chez un avocat, il y gagne un baccalauréat en droit et le surnom de l'« Éléphant », augurant une silhouette qu'il sera facile de caricaturer.

Mais comment résister à l'appel de la bohème ?

Et c'est parti ! La première étape est un "Cromwell" (1820) de 2000 alexandrins, accueilli quelque peu froidement. L'académicien François Andrieux, après lecture, conseilla même à l'aspirant dramaturge de changer définitivement de voie professionnelle...

Mais Balzac a déjà un autre projet : puisqu'il faut gagner de l'argent, autant profiter du succès incroyable de ces histoires exaltantes que Walter Scott et ses semblables servent aux lecteurs des cabinets de lecture. Vendus trois francs six sous, les romans triomphent !

Il se lance donc dans l'aventure sous le pseudonyme de Lord R'Hoone, écrivant à la suite de son "Héritière de Birague" (1821) pas moins de 16 volumes en un an, pour le plus grand bonheur de son marchand de plumes qui doit lui en vendre une soixantaine pour suivre le rythme.

Côté cœur, le jeune homme maladroit s'engage dans une relation de dix ans avec Mme de Berny, mère de neuf enfants, qui le pousse à plus d'ambition. Ce sera l'édition. Les livres ne se vendent pas ? Il rachète l'imprimerie ! Celle-ci périclite ? Il développe une fonderie de caractères ! Finalement, face à l'accumulation de dettes, il est temps de se faire un peu oublier...

AVT_Honore-de-Balzac_8598

À 30 ans bientôt, il rebondit en imaginant un roman sur les Chouans, sur le modèle du "Dernier des Mohicans" de Fenimore Cooper.

Les portes du beau monde s'ouvrent enfin à lui, et il court en profiter ! Habit bleu à boutons d'or, jabot de dentelle et canne sertie de turquoises le transforment en dandy, mais un dandy qui ne cherche pas à cacher ses ongles sales et à soigner ses cheveux trop pommadés, qui lui gouttent sur les épaules... Heureusement, son talent et sa conversation séduisent, notamment l'illustre Mme de Castries qui se plaît à lire les manuscrits qui s'accumulent.

"La Peau de chagrin" (1831), "Eugénie Grandet" (1833), "La Duchesse de Langeais" (1834)... Chaque année apporte quatre ou cinq romans et son lot de chefs-d’œuvre.

En 1833, il prend le temps d'insérer dans une revue destinée à la Russie un petit mot pour une admiratrice polonaise qui lui envoie des lettres signées « L'Étrangère ». Ainsi commence son histoire avec Mme Hanska qu'il rencontrera quelques mois plus tard, dans l'attente du décès du maladif mari.

Mme_Hanska_1835

1836 est une année faste avec la signature d'un gros contrat pour ses "Études de mœurs au XIXe siècle", le triomphe du "Père Goriot" et un statut inédit de père suite à une relation avec Maria du Fresnay. Les conquêtes féminines se suivent, les pages se noircissent sans répit. Mais les revers se font aussi nombreux, entre les problèmes financiers sans fin et les échecs continuels à l'élection à l'Académie française.

« Faire concurrence à l'état civil »

En 1842, il projette de réunir ses romans passés et futurs sous l'appellation "La Comédie humaine". Au total près de 90 ouvrages. Le projet est ambitieux : il s'agit rien de moins de réaliser une « histoire naturelle de la société » en observant ses contemporains.

« Vous ne vous figurez pas ce que c’est que la Comédie humaine ; c’est plus vaste, littérairement parlant, que la cathédrale de Bourges architecturalement » (Lettre à Zulma Carraud, janvier 1845).

En effet ! En 91 ouvrages, Balzac a donné vie à des milliers de personnages, offrant à chacun une histoire et une personnalité. Comme pour ne pas s'en séparer, il n'hésite pas d'ailleurs à faire intervenir 500 d'entre eux dans différentes histoires, créant le principe des «personnages reparaissants» dont le voyou Vautrin est un des plus célèbres.

Peintre de la vie et de la société, Balzac veut montrer le monde tel qu'il est, à Paris comme en province, chez les aristocrates comme chez les petites gens. Chaque roman apparaît comme une scène de cette colossale comédie dans laquelle joue l'Homme et dont il dresse «l'inventaire des vices et des vertus».

Non content de donner ses lettres de noblesse au roman, jusqu'alors considéré comme un genre un peu douteux, il devient aussi un des pères du mouvement réaliste chargé de rendre compte, plus que de copier, de la réalité sous toutes ses facettes.

Pour cela, il accumule ces longues descriptions qui l'ont fait détester par des générations de lycéens, peu sensibles à l'idée que pour comprendre une personne, il faut d'abord connaître son environnement. Vingt ans plus tard, Émile Zola reprendra le flambeau en lançant l'aventure des Rougon-Macquart, seconde « cathédrale » de la littérature française.

« Une vie de forçat »

Balzac le reconnaissait lui-même : son quotidien était celui d'un forçat. Sa journée commençait à minuit, lorsque les créanciers ne se risquaient plus à venir frapper à sa porte.

Après avoir enfilé une robe de chambre qui lui donne l'aspect d'un moine, il s'installe à sa table de travail où il « jette [s]a vie comme l'alchimiste son or dans le creuset ».

Puis, c'est le moment de se lancer : « Balzac écrit, écrit et écrit sans arrêt, sans trêve. Une fois enflammée, son imagination continue de flamber et de s'embraser comme dans un incendie de forêt où le brasier gagne de plus en plus vite de tronc en tronc, toujours plus chaud, toujours plus ardent. La plume dans sa fine main féminine court si rapide sur le papier que le mot peut à peine suivre sa pensée. […] il ne cessera que quand la main sera paralysée ou quand ce qu'il écrit s'effacera devant son regard aveuglé de fatigue. [...] Si la bête paresseuse ne veut plus avancer, faisons-lui tâter du fouet ! Balzac se lève [...] et s'en va à la table allumer sa cafetière. Car le café, c'est cette huile noire qui seule remet en route cette fantastique machine-outil. »

C'est ainsi que « Balzac, comme un Sisyphe de la littérature, roule jour après jour le roc de son travail » (Stefan Zweig)

Le Grand Bilboquet devient Empereur

En marge de "La Comédie humaine", Balzac se lance en 1842 dans une autre aventure, puisque la mort de M. Hanski rend enfin possible le rêve d'une vie avec la comtesse. Pendant 18 mois, celle-ci hésite à quitter sa Russie pour s'engager avec un écrivain farfelu et toujours à court d'argent. Enfin, en 1843, Balzac débarque à Saint-Pétersbourg pour en repartir seul quelque temps plus tard, n'en rapportant qu'une inflammation cérébrale.

Il finit par rejoindre Mme Hanska à Dresde mais celle-ci ne parvient pas à rendre raisonnable son Grand Bilboquet : Balzac vient de se lancer dans l'achat de babioles hors de prix, à l'authenticité douteuse. La ruine est proche !

Mme Hanska étant tombée enceinte, il faut se remettre au travail et fournir à grands coups de tasses de café 20 feuillets journaliers. Le corps, épuisé à la tâche, ne peut plus donner assez d'énergie pour achever les manuscrits qu'on ne cesse de commander au romancier pour épurer ses dettes. La fausse couche de la comtesse, les allers-retours à Kiev finissent de le briser.

Ce n'est pas le mariage tant attendu, en mars 1850, qui le sauvera. Il meurt le 18 août suivant, veillé par son ami Victor Hugo qui le décrit avec ces mots : « Je le voyais de profil et il ressemblait ainsi à l'Empereur ».

Celui que l'on a surnommé le Napoléon des Lettres laisse derrière lui près de 2.200 personnages orphelins.


 

Les incroyables trésors de l'Histoire : le carnet intime de Honoré de Balzac

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