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L'arche de Jackie
7 mai 2020

jeudi 7 mai - Quelle omelette... Quelle Mère !

mai

nous fêtons les Gisèle, Marie-Louise, Marilou ! et bien sûr ... Malou !

Bienheureuse Gisèle, épouse du roi saint Etienne de Hongrie et qui participa avec lui à l'évangélisation de son pays. A la mort du roi, elle se retira au monastère de Niederburg dont elle devint l'abbesse.

Le prénom Gisèle vient du mot "gisil" qui signifie "flèche" (étymologie germanique).

Bienheureuse Marie-Louise Trichet, une religieuse française morte en 1759, que l'on fête cependant non pas à sa date de mort contrairement à l'habitude mais à sa date de naissance, le 7 mai.

"À la Sainte Gisèle, prends garde s'il gèle "

cela s'est passé un 7 mai :

7 mai 1931 - Décès de "la Mère Poulard", Annette Boutiaut, au Mont Saint Michel

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Anne Boutiaut, surnommée la "Mère Poulard", est née le 16 avril 1851 à Nevers. Son père, Claude Boutiaut, est journalier aux maraîchages des faubourgs du Mouësse à Nevers, et sa mère porte les légumes récoltés chaque matin, au marché Saint Arigle. Sans grande instruction, Annette travaille très jeune comme femme de chambre et entre au service d'Édouard Corroyer, ancien élève de de Viollet-le-Duc, nommé architecte en chef des Monuments historiques.

Annette sera ensuite sa cuisinière. Édouard Corroyer est un fin gourmet, qui reçoit beaucoup et aime faire plaisir à ses hôtes. Il détecte rapidement les talents de cuisinière d’Annette, lui parle des plats qu’il aime.

Il lui transmet également ses connaissances sur le monde de l’architecture et le milieu artistique. En 1863, Napoléon III décide que le Mont Saint-Michel ne sera plus une prison et fait construire une digue route pour faciliter l’accès à l‘abbaye des touristes et des pèlerins. Mais le monument abandonné et maltraité par la population carcérale nécessite des travaux. En 1872, Édouard Corroyer est nommé par le gouvernement pour restaurer l’abbaye du Mont – de grands intellectuels français, dont Victor Hugo, ont en effet pressé l’État d’intervenir pour restaurer ce symbole de la France. Annette découvre le Mont avec Édouard Corroyer et sa famille. C'est donc ainsi qu'Annette découvre la Normandie et la mer, ce qui la change des paysages nivernais et, plus particulièrement, du Val maraîcher des jardiniers, appelés les mangeux d'ail, qui font toujours venir des légumes sur la rive droite de la Loire. Sur place, cette Bourguignonne de 21 ans fait la connaissance du fils du boulanger du Mont, Victor Poulard. Leur relation durera jusqu'à leur mort. Ils se marient le 14 janvier 1873 en l'église Saint Philippe du Roule à Paris, Annette a pour témoin son patron Édouard Corroyer. C'est certainement ce dernier qui a dû organiser ce mariage pour remercier la jeune femme des années passées à son service, car il est assez rare pour l'époque qu'un couple de province et de condition modeste aille contracter mariage dans la capitale où il n'a aucune attache. 

La même année, Annette et Victor Poulard font l’acquisition de l’hôtel Saint-Michel Teste d’Or, leur premier établissement qui se trouvait à l'emplacement aujourd'hui occupé par le bureau de poste. Annette y réinterprète la cuisine bourgeoise appréciée d’Édouard Corroyer, lourde et chargée en sauce, pour en faire une cuisine simple et légère, pleine de goûts, de saveurs et de couleurs. Elle crée sa propre cuisine à partir des produits de la baie, entre terre et mer, entre Normandie et Bretagne. Elle sert l’architecte, ses jeunes assistants et ses amis de passage à la table de pensionnaires, située au premier étage.

Mais le monde n'y afflue pas, une poignée de pèlerins, quelques archéologues, une pincée d'artistes ou d'hommes du monde, rien de la foule qui se presse aujourd'hui sur le mont. D'autant que les visiteurs sont dépendants de la marée (puisque la digue-route n'existe pas), c'est-à-dire qu'ils arrivent selon le gré des vagues à n'importe quelle heure, il faut donc dans ce cas satisfaire leur appétit avide dès leur arrivée.

C'est alors qu'Annette trouva l'idée de les faire patienter en leur offrant une omelette de sa confection en attendant le plat principal (notamment le gigot de prés salés, la spécialité de la région) ; celle-ci était cuite dans un feu de bois sec qui flambait dans l'âtre, rosée, baveuse, fumante et savoureuse à souhait. Son omelette a largement dépassé la réputation de ses autres plats pourtant fameux.

La maison prospère rapidement.

Quelques années plus tard, en 1888, Victor et Annette quittent l’hôtel Saint-Michel pour acquérir l’hôtel du Lion d’Or. Ils le démolissent et le remplacent par le bâtiment que nous connaissons aujourd’hui, d’abord sous l’enseigne "À l’Omelette renommée de La Mère Poulard" puis "Auberge La Mère Poulard". Ce bâtiment, situé à l’entrée du Mont-Saint-Michel entre le rempart et le rocher, comprend le restaurant, le bar et l’hôtel. L’hôtel, victime de son succès, devient vite trop petit ; les clients sont alors également logés dans trois annexes situées dans les venelles qui montent vers l’abbaye : la maison rouge en briques, la blanche enduite à la chaux et la verte, avec ses murs couverts de lierre.

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l'omelette de la Mère Poulard en trois étapes : le battage, la cuisson au feu de bois et la dégustation...

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Annette, ayant conscience de son retard éducatif, essaiera de combler en partie son manque d'instruction en prenant des cours d'orthographe, de grammaire et de mathématiques que lui dispensait la sœur institutrice du Mont-Saint-Michel.

À l'heure de la retraite, vers 1920, les époux Poulard font construire une maison sur les hauteurs du mont. Le 15 janvier 1923, parmi une foule nombreuse et attendrie, ils célèbrent leurs noces d'or. Annette s'éteint le 7 mai 1931 et rejoint son défunt mari dans le petit cimetière du Mont-Saint-Michel.

La Mère Poulard fait partie de l’histoire du Mont- Saint-Michel et de la France. Annette Poulard a accompli son rêve en ouvrant l’Auberge de La Mère Poulard au Mont-Saint-Michel, au cœur de la cité médiévale historique de la merveille de l’Occident. Très vite reconnus, les talents d’Annette lui valent le titre honorifique de "Mère", distinguant ses grandes qualités de cuisinière et sa contribution à la renommée et à la tradition culinaire de la France ; c’est ainsi que le nom de "La Mère Poulard" est né, à l’instar des autres mères cuisinières dont la célèbre Mère Brazier à Lyon.
La tradition d’hospitalité de La Mère Poulard

La Mère Poulard symbolise une longue tradition d’hospitalité. Elle reçoit tous ses hôtes avec la même gentillesse, la même hospitalité et le même goût du partage, qu’ils soient célèbres ou non. L’abbé Couillard, curé du Mont-Saint-Michel, décrit Annette comme une mère qui reçoit ses enfants, avec empressement et une simplicité sans détour. Elle reçoit aussi les grands noms de l’époque, qui viennent au Mont-Saint-Michel depuis qu’il a été réhabilité par Édouard Corroyer. En cette fin du XIXème siècle, la côte normande est l’équivalent de la Côte d’Azur d’aujourd’hui. C’est là que les familles royales et princières d’Angleterre ont leurs demeures secondaires, bientôt rejointes par le gotha des rois, des princes et des aristocrates d’Europe. On y côtoie également les grands chefs d’entreprise ayant fait fortune, les artistes, les peintres et les écrivains.

Annette tient l’auberge de main de maître et, si elle n’hésite pas à faire crédit aux pauvres, elle est intraitable sur certaines règles. Les repas, par exemple, sont pris à l’étage et le café, servi sur de petites tables en extérieur. On raconte qu’un jour de visite au Mont-Saint-Michel, le roi des Belges Léopold II voulut déjeuner dehors ; Annette Poulard lui fit comprendre avec une douceur ferme que cela était impossible… et il prit son repas à l’intérieur !

La Mère Poulard ne quitte jamais ses fourneaux et ne s’éloigne que très peu du Mont-Saint-Michel ; ses voyages, elle aime les faire en rêve, en écoutant ses hôtes venus du monde entier. Elle prend l’habitude de leur demander, en souvenir de leur passage, une photo, une dédicace ou un dessin qui lui permettent de continuer à voyager avec eux, la tête remplie de tous ces souvenirs et de toutes ces rencontres qu’elle affectionne tant. La tradition s’est perpétuée jusqu’à nos jours et une collection de nombreuses photographies, dessins, portraits, signatures et dédicaces anime les murs de l’auberge ; ils sont une invitation au voyage à travers le temps et à travers l’histoire.

Ainsi peut-on découvrir que le roi Édouard VII et la famille royale d’Angleterre, hôtes assidus de La Mère Poulard au début du XXème siècle, contribuèrent beaucoup à sa renommée. Le président des États-Unis Theodore Roosevelt et le président du Conseil français Georges Clemenceau – héros de la Première Guerre mondiale, grand ami d’Annette Poulard et grand amateur de sa cuisine – contribuèrent eux aussi à cette renommée naissante.

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