Samedi 3 avril - Les Misérables
Nous fêtons les Richard, Agapé, Nicétas, Nikita !
Saint Richard, Chancelier de l'université d'Oxford, évêque de Chichester, mort en 1253. Le prénom Richard est formé du mot "rik" qui signifie "roi" et du mot "hard" qui signifie "dur". (étymologie germanique).
🖋 Le dicton du jour : "Le trois avril, le coucou chante, mort ou vif"
📕 La citation du jour : "Grand est celui qui n’a pas perdu son coeur d’enfant." Mencius
Cela s’est passé un 3 avril :
3 avril 1862 - Publication des Misérables
Le 3 avril 1862 sortent en librairie les deux premiers tomes d'un roman promis à un succès exceptionnel : "Les Misérables". L'auteur est un proscrit à barbe blanche, qui, de son exil de Guernesey, n'en finit pas de lancer des philippiques à l'encontre de l'empereur Napoléon III, alors à l'apogée de son règne.
Victor Hugo, car c'est de lui qu'il s'agit, a mûri pendant près de trente ans son projet romanesque. Le dernier roman qu'il ait écrit remonte à 1830 : Notre-Dame de Paris. Depuis lors, il s'est voué à la poésie et s'est hissé aux plus hautes marches de la gloire, mais sans cesser d'être travaillé par le sort des plus humbles et l'injustice sociale.
Avec Les Misérables, sa gloire va atteindre une dimension planétaire inconnue jusque-là dans le domaine littéraire. Et, plus important encore, une nouvelle conscience sociale va émerger dans la société occidentale.
Des Misères aux Misérables
Roman phare de Victor Hugo, Les Misérables sont le fruit d'une longue gestation.
C’est le fruit d’un projet longtemps mûri. Dès 1828, le jeune Victor Hugo, tout royaliste qu’il soit, envisage d’écrire un roman intitulé Les Misères, et commence à se documenter : collecte de coupures de presse, visite de bagnes et d’usines, ou champ de bataille de Waterloo, (où il met le point final à son roman), recueil de témoignages et de faits divers. L'écrivain aurait ainsi assisté à une altercation entre un bourgeois et une prostituée, épisode utilisé dans Les Misérables pour mener Fantine à la déchéance, ainsi qu'à l'arrestation d'un vagabond condamné en 1801 à cinq ans de galères pour le vol d'un pain ("Choses vues", 9 janvier 1841 et 22 février 1846).
D’abord élu à droite à l’Assemblée, Victor Hugo ne tarde pas à se rapprocher de la gauche républicaine, et à réprouver la dérive autoritaire du régime de Napoléon III qu’il a d’abord soutenu. Opposant farouche au coup d’État du 2 décembre 1851, il tente en vain d’organiser avec d’autres députés une insurrection populaire. Avant d'être obligé de fuir, il court de barricade en barricade, expérience qui deviendra un des temps forts de son roman où il met en scène le petit Gavroche, tout droit sorti de La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix, peinte en 1830. Mais recherché par la police, il doit quitter Paris pour Bruxelles. Le décret du 9 janvier 1852 signe officiellement son expulsion hors de France.
Il faut trois mois, d'avril à juin 1862, pour publier les dix volumes des Misérables. La campagne de lancement est menée de main de maître. D'aucuns la comparent à celle qui accompagne aujourd'hui la sortie d'un épisode d'Harry Potter !
Le jour de la sortie, les librairies sont prises d'assaut, la première partie est aussitôt épuisée, les traductions s'enchaînent : le succès est immense. Hugo a pris soin de demander la création d'une édition illustrée de petit format, au prix abordable, pour toucher un large public rendu impatient par les centaines d'affiches annonçant la publication.
Le peuple est séduit. On dit que dans les ateliers, les ouvriers se cotisent pour acheter les ouvrages et se les passer de main en main. Mais les lettrés font la grimace. Peut-être parce que l'attente était énorme, la désillusion se révèle cruelle.
Les Misérables est un des premiers romans centré sur le peuple, non pour faire peur aux lecteurs, mais pour dénoncer les conditions de vie des plus humbles. Il n’a été précédé dans cette voie que par "Les Mystères de Paris" d’Eugène Sue, et, en Angleterre, par "David Copperfield" (1849, Charles Dickens).
On est plongé avec les « infortunés » au cœur de la première moitié du XIXème siècle avec sa pauvreté, sa cruauté envers femmes et enfants, sa justice parfois tellement injuste et cruelle, mais aussi ses espoirs aperçus du haut des barricades. Mais Hugo n'a pas voulu faire un simple document sociologique ou historique ; il a souhaité signer une grande épopée sur l'humanité elle-même.
À travers ses personnages, c'est l'homme dans sa diversité et sa fragilité qu'il dépeint : Jean Valjean (Jean « V'la Jean ») le courageux, Fantine (« l'enfant ») la victime, Cosette (« la petite chose ») et Gavroche, les enfants martyrs, les Thénardier et Javert, la cruauté et l'acharnement...
Pour moi, la plus belle interprétation de cette histoire forte et émouvante de la condition humaine, fut celle de Jean Gabin et tous les magnifiques acteurs qui l'entouraient à l'époque (Bourvil, Blier, Ledoux...) !
D'autres versions ont existé ; celle de Lino Ventura est également magnifique ! j'ai vu, à sa sortie, la comédie musicale de Robert Hossein ! grand spectacle et superbes voix mais bien sûr elle ne m'a jamais fait oublier ce film magnifique !