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L'arche de Jackie
26 décembre 2020

Samedi 26 décembre - Ferrat, chanteur engagé

decembre

 

Nous fêtons les Etienne, Stéphane, Stéphanie !

Saint Etienne qui fut le premier martyr Chrétien et tué par les Juifs. Etienne est d'origine grecque et signifie "couronné".

"A la saint Étienne, les jours croissent d’une aiguillée de laine"

Cela s'est passé un 26 décembre :

26 décembre 1930 : Naissance de Jean Ferrat

Jean Ferrat, issu d'un milieu ouvrier, est toute sa vie resté fidèle à ses engagements de jeunesse, la classe ouvrière, le communisme et la CGT, sa femme Christine, son imprésario etc. Chanteur populaire, compositeur et mélodiste, il est l'alter ego de Georges Brassens, Jacques Brel et Léo Ferré, ses contemporains et ses amis, qui ont enchanté les années 60.

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Il est apprécié tant pour ses chansons sentimentales que pour ses chansons militantes (PotemkineNuit et Brouillard ou encore Ma France interdite d'antenne en 1969)


Jean Ferrat chante Potemkine en public le 17 février 1966, Source INA
Communiste envers et contre tout

Né le 26 décembre 1930 à Vaucresson, en banlieue parisienne, le futur chanteur-compositeur a une mère auvergnate et un père né en Russie dans une famille juive, Manassé Tannenbaum, tous deux épris de musique, de chansons et d'opéra. Son père est un artisan joaillier moyennement aisé. Élevé en-dehors de la religion, l'enfant découvre la judéité de son père quand il est déporté en 1942 à Auschwitz où il disparaîtra. Obligé de fuir avec sa mère, son frère et sa soeur, Jean est ébloui dans les Pyrénées par l'humanité et la grandeur d'âme des maquisards communistes qui viennent à son aide. Il ne va dès lors plus jamais se départir de sa fidélité au communisme, sans toutefois adhérer au Parti.

À 17 ans, après la guerre, Jean Tannenbaum devient ouvrier dans une usine du 15e arrondissement à Paris et adhère à la CGT (Confédération Générale du Travail), syndicat communiste auquel il demeurera aussi toujours fidèle. Mais il ne tarde pas aussi à suivre des cours du soir avec l'ambition de devenir ingénieur chimiste. À 20 ans, il éprouve une amère épreuve : une infection pulmonaire entraîne l'ablation d'un poumon. Le jeune homme n'en poursuit pas moins ses rêves. Il découvre le théâtre et la chanson en amateur, s'achète une guitare et se produit en soirée. Il met en musique un poème de Louis Aragon, Les Yeux d'Elsa. C'est le début d'une collaboration amicale qui va offrir à l'oeuvre du poète communiste une popularité comme il n'en aurait jamais rêvé.

Il rencontre une chanteuse de talent qui deviendra sa femme et l'amour de sa vie, Christine Sèvres, mais dont il étouffera la carrière. Elle a déjà une fille d'un premier mariage et lui ne voudra pas d'autre enfant. En 1959, un ami de seulement 24 ans, Gérard Meys, devient son imprésario. Jean s'attribue un pseudo passe-muraille en consultant la carte de France : ce sera Ferrat, comme Saint-Jean-Cap-Ferrat. 

Le succès survient en 1961 dans la salle parisienne de l'Alhambra, en vedette américaine du spectacle de Zizi Jeanmaire, puis avec la sortie d'un premier 33 tours, Deux enfants au soleil. Il s'installe avec sa femme et sa fille adoptive dans un appartement d'Ivry, dans la banlieue ouvrière de Paris. Les succès s'enchaînent...

En 1964, sort un autre de ses plus fameux succès, "La Montagne". Cette chanson, extraite de l'album du même nom, évoque l'Ardèche, région de France chère au cœur de Jean Ferrat qui s'installe cette année-là dans le village d'Antraigues qu'il ne quittera jamais.

En janvier 1965, il passe en vedette à l'Alhambra. Un nouvel album sort également avec le titre "Potemkine" qui provoque à nouveau un débat d'idées autour du communisme et de l'Union soviétique que Ferrat égratigne dans son texte. Cette chanson, interdite de télévision en France, l'empêche également d'effectuer un voyage en URSS peu après.

Cette même année, il varie un peu son travail en écrivant la musique de deux films, dont celui de René Allio, "La Vieille dame indigne". Puis en janvier 1966, il remonte sur scène, cette fois à Bobino.

1967 : voyage à Cuba

En 1967, Jean Ferrat effectue un voyage à Cuba qui le marque artistiquement, politiquement et humainement. Le séjour dure deux mois et demi et Ferrat y donne une dizaine de concerts. Dès son retour, après un passage au Mexique, il enregistre un album fortement empreint de cette expérience. Les titres qui en ressortent sont "Santiago" et "Guerilleros". C'est également suite à ce voyage que le chanteur laisse pousser sa célèbre moustache.

L'année suivante, c'est 1968 et son célèbre mois de mai. Jean Ferrat participe à des soirées organisées pour les grévistes à Bobino. Mais lorsque les chars russes envahissent Prague en Tchécoslovaquie, il reprend sa plume pour protester. Désormais très connu, il enchaîne les tournées en Europe, en Afrique du nord et au Canada où il est très populaire.

Fou de poésie, il fait parfois appel à des écrivains et poètes pour écrire ses textes. Un de ses principaux compagnons en matière d'écriture est son ami le poète Henri Gougaud avec qui il écrit une grande partie des titres de l'album qui paraît en 1969. De leur collaboration, on retient "La Matinée", duo entre Ferrat et son épouse. Jean Ferrat connaît à travers cet album, de nouveaux démêlés avec la censure autour essentiellement du titre "Ma France".

1971 : retrouvailles avec Aragon

Outre un nouvel album en 1970, le chanteur donne douze récitals triomphaux au Palais des Sports et continue les tournées. L'année suivante, Jean Ferrat retrouve Louis Aragon et publie le célébrissime album "Ferrat chante Aragon". Sorti dans la discrétion, ce disque se vend en quelques mois à près d'un million d'exemplaires, chiffre doublé depuis. Un deuxième disque sort la même année avec une autre version très connue d'un poème d'Aragon, "Aimer à perdre la raison".

Las des tournées, Ferrat décide de faire ses adieux à la scène en 1972 du 6 au 29 octobre, au Palais des Sports. La même année Christine Sèvres arrête également totalement la chanson. À partir de cette époque, Jean Ferrat se fait plus rare. Ses productions discographiques s'espacent et après une ultime tournée 1973, on ne le reverra presque plus sur scène.

Epuisé par les tournées, Jean Ferrat s'éloigne de la scène. Il se retire dans un village de l'Ardèche pour lequel il a eu un coup de coeur, Antraigues. 

Fin 1975, il revient au-devant de l'actualité musicale avec son album "La Femme est l'avenir de l'homme". Le succès est énorme et 500.000 albums s'écoulent en un mois. Outre la chanson-titre, qui avec "la Montagne" est peut-être sa chanson la plus célèbre, on doit noter un texte contre la guerre du Vietnam ("Un air de liberté"), ainsi qu'un nouveau poème d'Aragon ("Dans le silence de la ville") et d'Henri Gougaud ("Mon chant est un ruisseau").

L'année suivante, il réenregistre une dizaine de titres de ses débuts. Puis en 1979, il sort un autre album d'anciennes chansons cette fois choisies dans sa production des années 70.

1980 : "Le Bilan"

À la fin des années 70, sa maison de distribution Barclay, propriétaire d'une grande partie de sa production, est rachetée par Polygram. A cette occasion, Jean Ferrat et son complice et éditeur Gérard Meys décident de réenregistrer la plupart de ses titres afin d'en conserver les bandes. Arrangés par Alain Goraguer, cent treize titres sont donc réactualisés entre 1979 et 1980. En septembre 80, sortent les douze volumes réunissant ce travail.

La même année, il sort un album dont il signe l'intégralité des textes et des musiques, "Le Bilan". En quelques semaines, les ventes atteignent le million d'exemplaires. Le titre de l'album reflète le recul de plus en plus important que Ferrat prend par rapport au parti communiste. Parallèlement, on trouve sur cet album de magnifiques chansons d'amour et de tendresse telle "L'amour est cerise".

En 1981, il reçoit le Diamant de l'année pour l'ensemble de son œuvre.

Après le décès de son épouse Christine Sèvres en novembre 81, Jean Ferrat se retire quelques années avant d'enregistrer un nouvel album qui sort en 1985, "Je ne suis qu'un cri". Les quatorze textes du disque sont entièrement écrits par Guy Thomas, poète et professeur de Lettres. Cette année-là, Jean Ferrat fait également un retour médiatique très remarqué et très commenté dans une émission spéciale concoctée par Bernard Pivot, le journaliste littéraire le plus célèbre de la télévision française.

La lutte pour la chanson française

En 1990, la SACEM lui remet sa médaille d'or. Puis, Ferrat sort l'année suivante l'album "Dans la jungle ou dans le zoo" dont il signe la totalité des titres. Deux ans après 1989 et le bicentenaire de la Révolution française, Ferrat évoque cet événement dans "Le Bicentenaire". L'amour est toujours au rendez-vous avec "Chante l'amour" ou "Mon amour sauvage", quant au titre de l'album, il illustre à nouveau la face politique de son œuvre en évoquant le monde capitaliste ("La Jungle") et le monde communiste ("Le Zoo").

Comme en 1985, une émission de télévision est à cette occasion, spécialement montée autour de l'événement que représente la rentrée de Jean Ferrat, artiste de plus en plus rare et pourtant éminemment populaire et apprécié d'un large public. Près de vingt ans après avoir quitté la scène, cette émission permet à Jean Ferrat d'interpréter une quinzaine de ses titres, entouré d'un orchestre de quarante musiciens dirigés par Alain Goraguer.

Après une intégrale 61-91 qui sort en 1991, Jean Ferrat se consacre au premier volume d'une intégrale Ferrat/Aragon qui sort en 92, suivi en 1995 d'un deuxième volume de seize nouveaux poèmes. Le disque se vend très bien et devient Disque de platine (300.000 exemplaires vendus). Ce succès s'accompagne d'une tournée au Québec en 1995.

Alors qu'on ne l'avait pas revu sur une scène française depuis 1972, Ferrat chante en public lors d'un petit festival du sud de la France, à Alès, le 8 août 98. En fait, le chanteur n'interprète qu'un seul titre à la fin d'un concert donné en son honneur et au cours duquel une chorale de 700 choristes reprend ses plus grands succès. Deux ans plus tard, c'est le Festival de Barjac dans le sud de la France qui est à l'honneur de Jean Ferrat. De nombreux invités chantent son répertoire dont Isabelle Aubret.

En 2001 et 2002, Jean Ferrat pousse quelques colères à l'encontre des médias publics. Selon lui, ils excluent volontairement de nombreux artistes français au profit d'une variété commerciale. Dans une lettre à la directrice générale de la seconde chaîne de télévision française, Michèle Cotta, puis dans quelques articles de presse, il prend en particulier la défense d'Isabelle Aubret. Très rarement invitée sur les plateaux, elle est l'emblème pour Jean Ferrat, d'une large partie de la chanson française absente de la scène médiatique aux dépens de "la diversité culturelle". 

Faux retour

À la fin de l'année 2002, le chanteur sort "Ferrat en scène", enregistrement réalisé en public en 1991, avec des arrangements de son ami Alain Goraguer. En janvier 2003, il est l'invité d'une émission dominicale française célèbre, "Vivement dimanche" pour présenter ce live.

En 2009 paraît une triple compilation de ses succès, qui se vend très bien.

Jean Ferrat vit retiré dans le village d'Antraigues-sur-Volane en Ardèche, dans une maison acquise dans les années 60. 

Souffrant d'un cancer depuis plusieurs années, le chanteur est hospitalisé début mars à Aubenas, en Ardèche. Il meurt le samedi 13 mars 2010 à l'âge de 79 ans.

Le 16 mars, plus de 5000 personnes viennent lui rendre un dernier hommage dans le village d'Antraigues, lors de ses obsèques. Avant l'inhumation dans l'intimité, la foule reprend un de ses plus grands succès, "La Montagne" avec la complicité d'Isabelle Aubret, venue elle aussi célébrer l'artiste.

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