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L'arche de Jackie
20 août 2021

Vendredi 20 août - la grande chapelière de l'histoire de la mode au Canada

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Nous fêtons les Bernard !

Né au château de Fontaine, près de Dijon, Bernard entre à l'abbaye voisine de Cîteaux, fondée en 1098 par Robert de Molesmes. En 1115, à Clairvaux, en Bourgogne, il fonde lui-même un nouveau monastère selon la règle cistercienne et en devient l'abbé, d'où le nom sous lequel il va se rendre célèbre : Saint Bernard de Clairvaux, Docteur de l'Eglise, mort en 1153. Le prénom Bernard signifie "ours fort" (étymologie germanique).

🖋 Le dicton du jour : "Pluie de la Saint Bernard fait déborder la mare."

📕 La citation du jour : "L'on ne peut goûter à la saveur des jours que si l'on se dérobe à l'obligation d'avoir un destin. " Emil Michel Cioran

Cela s’est passé un 20 août 

20 août 1996 - décès d'Yvette, modiste canadienne

Marie Blanche Yvette Brillon est née à Montréal, le 10 janvier 1907.

Aînée des six enfants d’Eugène Régnier dit Brillon, charpentier et menuisier, et d’Azilda Trudeau, Yvette a aussi un demi-frère, Régnier, né du précédent mariage d’Eugène et de Dorinda Maynard, ainsi qu'une soeur adoptive, Denise Brault, que les Brillon ont élevée.

Yvette n’a pas 12 ans lorsque, afin d’aider la famille, elle quitte l’école pour s’engager dans un atelier de couture, au salaire hebdomadaire de 50 cents. Elle commence à fabriquer des chapeaux comme apprentie dès 1918, alors qu’elle n’a pas tout à fait 12 ans, pour une dame Fafard dont l’établissement est situé au coin de l’avenue du Mont-Royal et de la rue Rivard. La tête pleine de rêves et d’ambition, Yvette Brillon ne se doute pas qu’elle deviendra la grande chapelière de Montréal et une des premières femmes d’affaires francophones.

Elle apprend tous les rudiments du métier de modiste, que son sens artistique se révèle et que naît le désir de diriger un jour une chapellerie, en travaillant notamment au Palais des Modes, de 1922 à 1933, où elle acquiert l’expérience à la fois de la confection et de la vente et que naît le désir de diriger un jour une chapellerie..

En 1933, à 26 ans,Yvette Brillon peut enfin réaliser son rêve d'ouvrir un atelier, rue Saint-Denis à même un espace du magasin Laporte Fourrures, et exposer ses créations en vitrine. Dès lors, pour son entreprise, elle n’a de cesse de viser qualité et excellence, par ses réalisations comme dans l’aspect de ses boutiques au raffinement incomparable pour l’époque et ce type d’établissement.

Vign_Yvette_Brillon_1907-1997

Jacqueline Giroux, belle-fille et biographe d’Yvette Brillon, a tracé le portrait de la jeune femme :

« À cette époque, Yvette est cette jeune femme au doux visage de camée, qui n’a cependant jamais de temps à consacrer aux nombreux prétendants qui voudraient bien gagner son cœur. Elle a vingt-six ans, la jeunesse à son apogée ! Elle fait un mètre soixante-cinq (cinq pieds, cinq pouces, pèse cinquante-quatre kilos (cent vingt livres) et son apparence est tout à fait particulière : ses cheveux blonds sont fins comme ceux d’une enfant, ses yeux bleus perçants révèlent sa vivacité d’esprit et un grand sens de l’humour; elle a un nez droit, un sourire généreux et franc. Son allure classique et sa personnalité à la fois jeune et sérieuse en font une femme différente.

Elle est différente en effet des autres femmes de son âge qui sont, bien sûr mariées depuis longtemps et mères de plusieurs enfants, comme le veut la société québécoise de l’époque. Amour et famille semblent donc, pour Yvette, relégués au second plan puisqu’elle ne manifeste d’intérêt que pour son travail. Curieuse personne que cette Yvette Brillon de 1933 ! Elle ressemble si peu à la Canadienne-française de son temps. »

Dès lors, son commerce devient le centre de la vie de la chapelière que sa famille soutient autant qu’elle peut : Henri, son frère, vend 125 $ une police d’assurance pour acheter du matériel; le père menuisier aménage les locaux au goût de sa fille; sa mère accueille ses confidences; Yvon, le cadet, devient son agent administratif et ses sœurs les toutes premières ouvrières. Somme toute, en 1933, une entreprise familiale dirigée par une québécoise, c’était exceptionnel !

La renommée de Brillon est vite retentissante, au point qu’elle doit emménager dans un local plus vaste, véritable salon de mode, en 1936, occupé jusque là par « Le Petit Versailles ». Trois ans plus tard, à nouveau la boutique déménage dans un lieu au style art déco, auparavant le grand restaurant français Kerhulu. Dorénavant, le siège social Yvette Brillon a pignon sur rue Saint-Denis. C’est là qu’elle dirige l’atelier, reçoit la clientèle et présente parfois ses collections. De fabuleux défilés se dérouleront aussi dans les salons des hôtels Ritz, Windsor ou Queen.

Souscrivant à l’initiative des grands magasins à rayons qui présentent régulièrement des défilés de mode, Yvette Brillon organise dès 1939 des présentations mettant en valeur ses chapeaux. Elle s’associe aux grands couturiers montréalais, dont Raoul-Jean Fouré et Michel Robichaud. Elle est une des premières à présenter de tels défilés entièrement à ses frais dans les plus chics hôtels. Durant plus de vingt ans, ses créations prennent la vedette au Ritz-Carlton, à l’hôtel Windsor, au Château Champlain, à l’hôtel Mont-Royal et au Reine Élizabeth. Cinq à six mille invitations sont envoyées deux fois l’an, pour la mode printemps-été et pour la mode automne-hiver, et les salles de bal où se tiennent ces événements sont toujours pleines à craquer.

Généreusement, elle prodigue ses conseils à chacune de ses clientes et toutes se la disputent, qui pour un mariage, qui pour une première communion, qui pour une fonction officielle à Québec ou à Ottawa.

Sa clientèle se compose alors des épouses des premiers ministres et des ministres provinciaux et fédéraux, des gens d’affaires, des animatrices de la radio et des comédiennes de la télévision naissante.

Ses chapeaux sont prisés tout autant des femmes célèbres et très en vue que de milliers de Québécoises tout simplement élégantes et soucieuses de leur tenue vestimentaire.

Le 27 juin 1940 est un jour particulièrement heureux dans la vie d’Yvette. En effet, à l’église Saint-Louis-de-France, elle épouse le Dr Eugène Giroux, de vingt ans son aîné, qui a gagné son coeur. Si elle donne ensuite naissance à deux fils, la femme moderne parvient à concilier entreprise et vie familiale.

D’après les témoignages recueillis par sa biographe, la chapelière avait une personnalité attachante : travaillante, inspirante, discrète et d’une gentillesse infinie, elle coiffait avec autant de soin et de plaisir, la ménagère et la femme du monde. Ses vitrines, au goût raffiné, servaient d’écrins à ses créations. Évoluant au rythme des saisons et des occasions, les devantures Brillon inspiraient ces nombreuses « petites mains », modistes de métier ou ménagères cousant vêtements et bibis, pour elles et les autres, à prix dérisoires.

On compte alors à la douzaine les petits commerces de chapeaux, avenue du Mont-Royal et rue Saint-Denis, tenus par des chapelières qui font honnêtement leur travail, dans des locaux exigus et aidées de deux ou trois employées. Mais lorsqu’on entre chez madame Brillon, au 1280-1284 de la rue Saint-Denis, on voit tout de suite la différence. La richesse du décor séduit les clientes les plus exigeantes : des douzaines de miroirs aux cadres dorés, de jolies tables, des consoles, des chaises capitonnées et surtout une moquette, élément très rare dans les boutiques de chapeaux de l’époque.

Quelques années plus tard, vers 1945, le vieil immeuble de la rue Saint-Denis revêt un cachet si luxueux qu’aucun magasin de Montréal ou même du Canada ne peut soutenir la comparaison. Son aménagement relève de l’art déco, alors très en vogue tant à Paris qu’à New York.

Aux périodes les plus achalandées de l’année, le magasin fourmille d’employé(e)s : on en compte jusqu’à 65, alors que les plus grandes entreprises montréalaises de l’époque dirigées par des femmes emploient rarement plus de sept ou huit personnes. Yvette Brillon est devenue la plus prestigieuse entreprise de mode d’Amérique dirigée par une femme.

Chapeau (détail), Yvette Brillon, 1950-1951.

En 1954, le feu ravage le magasin de la rue Saint-Denis et Yvette Brillon s’installe temporairement sur la rue University, puis aménage un nouveau salon au 1122, rue Sherbrooke Ouest. Le magasin de la rue Saint-Denis est toutefois remis en état et reste ouvert encore presque deux ans avant sa fermeture en 1956.

Avec les années 1960, un vent de folie souffle sur la mode occidentale et les femmes révisent en profondeur leur façon de se coiffer et de se vêtir. Yvette Brillon doit réduire peu à peu ses activités de chapellerie.

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En 1970, elle quitte la rue Sherbrooke pour travailler à son domicile, à Longueuil, et entreprend à 63 ans de confectionner des robes sur mesure, ce qu’elle fera toujours avec la même ferveur créatrice. Aujourd’hui, si le chapeau semble délogé de sa place privilégiée, Yvette Brillon demeure pour des milliers de femmes la grande chapelière de l’histoire de la mode au Canada.

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Au cours de sa longue carrière, l’artisane a confectionné des milliers de chapeaux magnifiques, et ce, jusqu’au début des années 1970, lorsqu’ils n’auront plus la vogue. À 63 ans, Yvette Brillon se résout à fermer boutique et à se retirer. Pourtant, jusqu’à l’âge de 75 ans, à son domicile de Longueuil, elle continuera à créer des modèles sur mesure pour une clientèle choisie.

Yvette Brillon s’est éteinte le 20 août 1996 à Montréal et ses cendres ont été déposées près de celles de son cher Eugène, au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges.

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