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L'arche de Jackie
22 décembre 2020

Mardi 22 décembre - "sages-femmes", une profession au service des femmes

decembre

 

Nous fêtons les Françoise-Xavière, Xavière !

Sainte Françoise-Xavière est une jeune missionnaire italienne aux USA puis proclamée Sainte Patronne des émigrés. 

🖋 Le dicton du jour : "Huit jours de neige, c'est fumure, huit jours au delà, c'est pourriture"

📕 La citation du jour : "Ce que je vous demande, c’est d’ouvrir votre esprit, non de croire." Krishnamurti Jiddu

Cela s'est passé un 22 décembre  :  mes deux soeurs et moi-même sommes nées au domicile de nos parents ce qui se faisaient très couramment jusqu'à la fin des années cinquante ! mon père à l'époque n'a pas eu à se poser la question de "vouloir ou non" assister à l'accouchement ! la sage-femme, qui d'ailleurs, si je me souviens des commentaires de mes parents, était "une maîtresse-femme", ne lui a pas laissé le choix ! et je pense que cette expérience a renforcé d'autant plus sa responsabilité de "père" et de "mari" !

22 décembre 1779 : Nomination de la première sage-femme exerçant à l'Hôtel-Dieu de Montmorency (Val-d'Oise).
Historiquement, la profession de sage-femme  aura été une des rares dominée par des praticiennes. Depuis Agnodice en Grèce antique, la prise en charge des femmes enceintes et des parturientes (femmes en travail) a été considérée comme relevant essentiellement du cercle féminin.

Au fil des jours de décembre... Mois de fêtes, de cadeaux, de partage ! - Page 5 128297434
"Arrest de la Cour rendu sur les remontrance et conclusions de M. le Procureur-Général du Roi, qui fait très expresses défenses à toutes personnes, autres que les chirurgiens et sages-femmes jurées d'exercer l'art des accouchemens [.] sous peine, par chaque contravention, de cent livres d'amende, applicable à la bourse commune du Collège de Chirurgie 15 juin 1779"

Le 22 décembre 1779, la première sage-femme exerçant à l'Hôtel-Dieu de Montmorency (Val-d'Oise) est nommée. Il s'agit d'Élisabeth Bourgeois, femme du sieur Baudrang, chirurgien de l'Hôtel-Dieu. Au XVIIIe siècle, une division s'est faite entre la pratique chirurgicale (qui relevait, elle, du chirurgien), et celle des sages-femmes. L'essor de la science, associé peut-être à un certain mépris, voyait dans la pratique ancestrale et prétendument folklorique des sages-femmes un art moins efficace et moins sûr. 

C'est dans ce contexte que les médecins qui avaient jusque-là délaissé ce domaine aux matrones (à l'exception des accouchements des familles royales et princières dès le début du xviie siècle) se découvrent une vocation pour l'obstétrique.

Des femmes au service des femmes 
On trouve dès le néolithique des représentations qui nous renseignent sur l’importance de cette profession exclusivement féminine. Celle-ci est la plupart du temps placée devant (obstetris) la parturiente ce qui a donné plus tard le terme d’obstétrique. La sage-femme est celle qui donne la sagesse aux femmes, qui les aide à devenir mère.

Depuis le Moyen-Âge, et jusqu'au XVIIIe siècle, la matrone ou "ventrière"  a longtemps été présente aux côtés des femmes dans les campagnes. Elle était choisie, en présence du curé, par la communauté en fonction de la confiance qu’elle inspirait. Il suffisait de présenter un certificat de moralité decern par le prêtre, être bonne chrétienté et savoir baptiser même in-utero. Sa mission est avant tout de sauvegarder les  principes religieux et la  discipline ecclet non de sauvegarder la  vie des mères et des enfants. 
 La matrone ne bénéficiait pas de formation. Au mieux, elle possédait une connaissance empirique grâce à sa propre expérience.

Lorsque l’Etat s’engage dans une politique d’accroissement de la population, les matrones seront mises à l’index en raison de leurs pratiques désastreuses pour la vie des parturientes et des nouveau-nés.

A contrario, les sages-femmes étaient formées dans les grandes villes. Au XVIII siècle, une sage-femme invente une très ingénieuse « machine » pédagogique : Mme Angélique Du Coudray crée un mannequin et se déplace dans les provinces afin de diffuser auprès des sages-femmes les différentes techniques de manœuvres obstétricales. 

Angélique Du Coudray est alors une des rares "sages-femmes jurées" diplômées de la maternité de Port-Royal à Paris. Elle décide de revenir en Auvergne pour transmettre l’art de sa profession. Les matrones étant souvent des femmes qui ne savent ni lire ni écrire,  elle crée un mannequin obstétrique de taille  réelle , consistant en la partie inférieure du corps d’une femme, une poupée de nouveau--né et des pièces annexes reproduisant fidèlement l’anatomie féminine. 

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Louis XV lui octroie alors un brevet royal l'autorisant à donner des cours dans tout le royaume. Pendant 25 ans, elle sillonna la France réussissant à former prés de 5000 ventrières,  permettant ainsi de réduire très significativement la mortalité infantile. 
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La lutte d'influence entre sages-femmes et médecins accoucheurs (tels Angélique du Coudray, première professeur de la discipline des sages-femmes et François Mauriceau) aboutit en 1750 à l'intervention de l'État qui ordonne que les sages-femmes aient une formation théorique et pratique de 2 ans avec une maîtresse sage-femme, un jury de deux maîtres chirurgiens validant leurs connaissance. Dans "sage-femme", le mot sage est dérivé de sapiens (la connaissance, l'expérience, sources de sagesse) et le mot femme fait référence à la femme qui a pour métier - du fait de son expérience et donc de ses connaissances - d'accoucher les autres


Au XIXe siècle, en Angleterre, la plupart des naissances étaient assistées par un chirurgien.

Au XXème siècle, une succession de révolutions sociales et de progrès scientifiques va changer considérablement la maternité des femmes et bouleverser la profession de sage-femme. En quelques années, une très grande majorité de sages-femmes va passer d’un exercice libéral au domicile des patientes à un exercice salarié dans les maternités.
En effet, au début du XXème siècle, les hôpitaux sont destinés aux femmes les plus pauvres qui ne pouvaient accoucher chez elles. Or, les conditions d’hygiène dans les chambres communes des hospices et des hôpitaux sont déplorables. La mortalité maternelle et infantile est importante en raison, notamment, de la fièvre puerpérale. Les pouvoirs publics se préoccupent du taux de la natalité et l’accouchement devient une affaire de santé publique.

Après la seconde guerre mondiale, grâce aux mesures de prophylaxie, à la création de la sécurité sociale et à l’extension des allocations familiales, les femmes sont incitées à accoucher dans les maternités. Le mode d’exercice des sages-femmes devient majoritairement salarié et les syndicats de défense des intérêts salariés émergent. Le statut de la sage-femme hospitalière de la fonction publique est créé par les décrets de 1989.

En 1984, La formation s’ouvre aux hommes, qui restent toutefois très minoritaires et représentent moins de 2% des sages-femmes actives. Les termes de « maïeuticien » et d'« accoucheur » figurent également dans le dictionnaire de l'Académie Française.

Les techniques scientifiques et médicales progressent spectaculairement dans le dernier quart du XXème siècle. Diagnostic anténatal, monitoring, échographie, marqueurs sériques, suivi de grossesse et accouchement deviennent des actes techniques. S’ajoute l’arrivée en salle de naissance du médecin anesthésiste avec la pratique courante de la péridurale.

Les sages-femmes gagnent en technicité mais perdent en autonomie. Les décrets de 1998 dits de périnatalité définissent les normes en matière de personnel et de locaux.

Petit à petit, les protocoles s’installent pour rationaliser le temps et les prises en charge. Même si les derniers plans de périnatalité évoquent largement cette question, les conditions de suivi et de la surveillance de la grossesse, de l’accouchement et du suivi post natal accentuent la surmédicalisation.

Aujourd’hui, 99% des accouchements ont lieu à l’hôpital et 75 % sous péridurale. Pourtant, 1 femme sur 4 n’est pas satisfaite de ces conditions et se sent dépossédée de son accouchement. Mais la logique sécuritaire peut-elle être compatible avec l’éthique ?

Les sages-femmes manifestent contre cette déshumanisation, contre l’idée de rentabilité et d’efficacité au détriment de l’affect, de l’émotion et parfois même de la bientraitance.

C’est ce constat et le souhait des patientes de pouvoir mettre au monde leur enfant de manière naturelle qui a abouti, aujourd’hui, à l’expérimentation des maisons de naissance.

Parallèlement, la profession – grâce à l’extension de ses compétences – joue un rôle de plus en plus actif auprès des femmes, pour leur santé génésique. Elles peuvent ainsi assurer le suivi gynécologique de toutes les femmes en bonne santé et leur prescrire une contraception. Cet engagement en faveur de la santé des femmes – mais aussi de leurs droits et de leur choix – s’est également traduit par la possibilité pour les sages-femmes de prescrire des IVG médicamenteuses.

Au cours des dernières décennies, les sages-femmes françaises ne se sont pas résignées à devenir les auxiliaires des obstétriciens. Grâce à leurs combats pour leur statut ou pour leurs compétences, elles ont à cœur de rester toujours au plus près de la santé des femmes.

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